F.A.R.C.

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Il faut parfois se méfier des traductions. Exemple type avec ce film colombien, directement passé par la case DVD lors de sa sortie chez nous. Son titre fait évidemment référence aux guérilleros tristement célèbres pour avoir enlevé Ingrid Bettencourt et tant d’autres otages.

Mais dans sa version originale, cette série B musclée s’appelle Saluda al diablo de mi parte, qu’en bilingue parfait je suis en mesure de traduire par : salue le diable de ma part ! Diablo, c’est le surnom du personnage principal du film, en fait prénommé Angel. Cet ancien terroriste retraité est l’auteur de crimes atroces, amnistié par l’Etat en échange de ses adieux aux armes.

Aujourd’hui, Angel n’aspire plus qu’à la tranquillité. Mais quand sa fille est enlevée, le passé refait brutalement surface : il a 72 heures pour éliminer les membres de son ancienne équipe, sous peine de voir la chair de sa chair réduite…en chair à pâté !
Suspens, rebondissements et chausses-trapes, ne vous attendez surtout pas à un finale classique…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE CONTRAT (Arnold Schwarzenegger agent viré du FBI va rempiler pour venger son ex-patron, dont le fils a été abattu par des mafieux... La rédemption par la violence, que l'on soit flic ou voyou.) ou encore TAKEN (Liam Neeson lancé dans une implacable course contre la montre pour sauver sa fille, devenue otage de gens peu recommandables...).

Alors : ange ou démon ? Rarement un héros de cinéma aura à ce point cultivé l’ambivalence, hésitant entre le camp des bons et celui des méchants. Juan Felipe Orozco, le jeune réalisateur de F.A.R.C a choisi de mettre en scène ce thriller de façon nerveuse et efficace, privilégiant l’intrigue sans pour autant laisser de côté la psychologie de son personnage principal. Pour un 1er long-métrage, c’est déjà un coup de maître…

Il est vrai que l’acteur qui incarne « Angel-Diablo » est une des figures les plus emblématiques du cinéma sud-américain. Edgar Ramirez est un comédien vénézuélien, révélé en 2009 lors de sa participation au diptyque de Steven Soderbergh sur Che Guevara, aux côtés de Benicio del Toro. Mais c’est l’année suivante que son talent explose au grand jour et aux yeux du monde, avec la présentation officielle à Cannes de Carlos. Cette série télé, aménagée en film pour se version cinéma, signée Olivier Assayas retraçait la vie et la « carrière » du terroriste phare des années 80. Ramirez, époustouflant dans le rôle titre, avait été dans la foulée récompensé du César du meilleur espoir mais aussi nommé aux Golden Globes… Pas étonnant que cet ancien étudiant en journalisme, un temps tenté par la diplomatie, parlant 5 langues ait été attiré par le personnage de F.A.R.C…Ces forces armées révolutionnaires de Colombie hantent les pages de l’actualité depuis les années 30.

A l’origine mouvement paysan à tendance marxiste, les guerilleros sont entrés avec le temps dans une lutte sans merci contre le pouvoir colombien, faisant de la jungle leur fief impénétrable. La longue captivité d’Ingrid Bettencourt a à la fois marqué leur apogée médiatique et leur déclin politique. Une cause, des méthodes brutales et des figures emblématiques, voilà des ressorts narratifs très inspirants ! La vraie force de F.A.R.C, vous l’avez-vu, est de dépasser cette simple exposition pour bâtir une véritable histoire, habitée par des êtres humains…