LES ÂMES SOEURS

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Des Roseaux sauvages à L’Adieu à la nuit André Téchiné aime plonger ses personnages au coeur de paysages naturels.  Le cinéaste aime aussi retourner dans son sud-ouest natal pour planter ses caméras. C’est le cas avec Les Âmes soeurs, situé en Ariège, où vallées, montagnes et forêts fournissent un cadre essentiel à cette histoire de retour à la vie. 

Il met ici en scène David et Jeanne, un frère et une soeur, dont la relation va se reconstruire peu à peu. Pour les incarner, il a choisi Benjamin Voisin, lauréat du César du meilleur espoir masculin pour son interprétation de Lucien de Rubempré dans Illusions perdues, et Noémie Merlant, César du meilleur second rôle féminin pour L’Innocent.  

Devenu amnésique à la suite d’une blessure lors d’une opération militaire au Mali, David doit tout réapprendre. Son passé refuse obstinément de lui revenir et sa mémoire reste une page vierge de tout souvenir. A ses côtés, Jeanne l’aide avec une infinie patience. Enfoui dans ce passé, un secret va finir par resurgir… 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MARGUERITE ET JULIEN (Un thème commun : les amours incestueuses entre un frère et une soeur) ou encore MON LÉGIONNAIRE (Cette réalisation évoque également l'opération Barkhane au Mali).

Le thème des relations frère-soeur était déjà au coeur d’un autre film de Téchiné : Ma saison préférée avec la complicité qui unissait Catherine Deneuve et Daniel Auteuil autour de leur mère jouée par Marthe Villalonga. On n’oublie pas non plus que le réalisateur a consacré un film aux Soeurs Brontë. Pour les rôles principaux de son vingt-quatrième opus, il a fait appel à deux comédiens parmi les plus prometteurs de leur génération. Benjamin Voisin devait déjà interpréter le rôle principal de Nos années folles, réalisé par André Téchiné en 2017. Un accident l’avait contraint à y renoncer au dernier moment. Partie remise donc. Sur le plateau des Âmes soeurs, le cinéaste et le comédien avaient un accord : lors de la première prise l’acteur pouvait jouer comme il le souhaitait puis dans les suivantes il s’attachait à coller au maximum à ce que le metteur en scène avait en tête. 

Le jeune comédien précise qu’il a suivi son instinct et qu’il s’est efforcé d’apporter à son personnage un côté animal. Physiquement, il s’est mis dans un état de fatigue extrême.  « Je ne dormais plus et je mangeais peu, raconte-t-il. Comme on tournait la première partie aux Invalides, près de chez mes grands-parents, je demandais à ma grand-mère de me cuisiner deux asperges par jour pour être le plus maigre possible. Je ne sortais plus, je ne voyais plus mes amis pour ne pas être tenté. » A bout de forces, il a pu jouer de façon presque mécanique les scènes où il réapprend à parler. 

Dès la lecture du scénario, Noémie Merlant a été intéressée par « cette histoire de femme sans cesse dans le dévouement ». La comédienne s’est inspirée de sa propre mère, aidante auprès de deux proches, pour construire son personnage. « Jeanne me fait penser à ma mère qui s’occupe beaucoup de notre famille ainsi qu’à des femmes qui m'entourent, qui sont dans le soin. Quitte à s’oublier… » L’actrice souligne également qu’elle a été sensible à la complexité du rôle. « Ce qui m’intéresse chez Jeanne, c’est comment elle va mettre des limites dans le fait de s'occuper des autres et enfin penser à elle. Par le fait de prendre soin de l'autre, elle va finalement prendre soin d’elle ».