SUR MES LÈVRES

en VOD

Dans la famille Audiard, on connaissait le père : Michel… Un as du dialogue, un prince de la formule, un roi du mot qui tue. Son fils Jacques a hérité de cette qualité rare : un style immédiatement reconnaissable.

Mais lui, c'est à travers l'image qu'il fait mouche… Sur mes lèvres, son 3e film décrit la relation compliquée entre une secrétaire d'agence immobilière qui souffre de surdité et un repris de justice en mal de réinsertion. Si elle a du mal à entendre, lui n'arrive pas à se faire comprendre. Histoire d'amour maladroite, faite de coups de cœur, de coups de sang, de manipulation et de drame. Ces deux-là n'ont rien en commun sauf un appétit de vivre et de revanche sur la société.

Jacques Audiard filme les visages ou les corps avec ce sens aigu de l'esthétique qui n'a rien de toc ! Il sculpte sa filmographie comme d'autres en d'autres temps façonnaient des blocs de marbre pendant parfois des années pour en tirer le meilleur. Ses outils ici s'appellent Emmanuelle Devos et Vincent Cassel, couple de pellicule qui donne l'impression d'être faits l'un pour l'autre depuis toujours. Leur périple va vous émouvoir et vous marquer : un demi million de spectateurs avait vu le film à sa sortie en salles en 2003 et trois César, (dont celui de la meilleure actrice et du meilleur son), étaient venu très justement le récompenser…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver A L'ORIGINE (Emmanuelle Devos est le point commun entre les films de Jacques Audiard et de Xavier Giannol) ou encore LA BONNE ANNÉE (Claude Lelouch signe en 1973 une de ces comédies romantiques dont il a le secret, à la fois tendre et irrévérencieuse. Lino Ventura y interprète un malfrat qui prépare un hold-up à Cannes chez un grand bijoutier.).

Depuis son 1er film en 1994, Regarde les hommes tomber, Jacques Audiard s'est bâti une réputation de réalisateur exigeant, ce qui n'a pas empêché avec le temps son cinéma de devenir de plus en plus populaire. Un héros très discret, Sur mes lèvres que vous venez de voir, De battre mon cœur s'est arrêté et bien sur Un prophète en 2009 ont achevé de le placer dans le club très fermé des auteurs qui font le cinéma d'aujourd'hui, en France mais aussi dans le monde entier.

La carrière exceptionnelle du Prophète a en effet largement dépassé nos frontières puisque le film a été nommé aux Oscars. A chaque fois, Audiard s'appuie sur un tandem fondateur : un scénario en béton, (basé sur des romans ou signé avec des écrivains comme Tonino Benacquista) et un casting tout aussi solide. Jean Yanne, Jean-Louis Trintignant, Mathieu Kassovitz, Romain Duris, Niels Arestrup ou Olivier Gourmet sont des comédiens pointus, à l'aise dans son univers si aiguisé. Vous l'avez vu, Sur mes lèvres, met en valeur le couple Devos-Cassel. Ce dernier a la réputation d'être un félin, attiré par des personnages et des histoires qui sortent de l'ordinaire. De Matrix à Black swan, de Irréversible à La haine, de Ocean's eleven à Mesrine, le comédien cherche à chaque fois le parfum de l'inédit.

Pour son rôle de Paul Angeli, petite frappe au cœur tendre, Jacques Audiard lui a demandé de revoir de grands classiques du cinéma italien : on peut retrouver en lui la trace du Vittorio Gassman dans Le pigeon de Mario Monicelli ou de certains héros de Il bidone de Fellini. Vincent Cassel y a ajouté une touche marginale, repérée dans l'attitude des SDF venus de l'Est qui hantent les rues de Paris. Le résultat est impressionnant, amplifié par une dernière composante essentielle de l'oeuvre d'Audiard junior : la musique ! Elle fait toujours partie intégrante de ses films. Vous avez pu entendre ici un kaleidoscope sonore qui mixe avec rage et bonheur des titres des Négresses vertes, de Superfunk ou de Cassius…