THE SECRET

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The secret prend à contrepied tous les préjugés. Pour commencer, ce n’est pas à proprement parler un film de genre comme on aurait pu s’y attendre de la part du réalisateur Pascal Laugier, dont le précédent film Martyrs avait repoussé les limites de la représentation de l’horreur.

De fait, The secret échappe un peu à la classification. Il se rattache à la tradition des thrillers hitchcockiens qui jouent sur les faux semblants, tout en empruntant à Rashomon (de Kurosawa) le procédé qui consiste à raconter un même événement de plusieurs points de vue différents. Ici, Jessica Biel joue une infirmière héroïque qui persiste à soigner les habitants d’une petite ville sinistrée dont les enfants disparaissent mystérieusement. Au fil du récit, les surprises s’accumulent, et obligent le spectateur à remettre en question ce qu’il tenait pour acquis.

Le film fonctionne comme un divertissement très efficace, mais il résonne aussi comme un avertissement qui nous rappelle de nous méfier des apparences comme des idées reçues.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver RASHOMON (L'exemple le plus abouti de l'exercice qui consiste à étudier un même événement en confrontant les points de vue des différents témoins) ou encore SILENT HILL (Même décor de petite ville minière sinistrée).

Après avoir attiré l’attention des producteurs hollywoodiens avec Martyrs, Pascal Laugier a reçu une multitude de propositions aux Etats-Unis, qu’il a sagement refusé, ayant bien compris qu’il n’en tirerait aucun bénéfice et qu’il n’aurait aucune indépendance.  Revenu en France, il a reçu un appel du producteur Clément Miserez, qui avait beaucoup aimé Martyrs et tenait à le faire travailler. Laugier a ressorti un projet qu’il avait commencé avant Martyrs, articulé autour de l’idée d’un personnage qui aurait toutes les apparences de l’héroïne, mais dont la véritable nature se révèlerait en cours de film. Le producteur a été immédiatement séduit par cette idée, et un an plus tard, le tournage du film débutait au Canada.

Parmi les sources d’inspiration de The secret, il y en a une qui est assez évidente : il s’agit du Village de M Night Shyamalan dans lequel les dirigeants d’une communauté rétrograde utilisent des mensonges pour justifier leur façon de vivre. Laugier entretient avec Shyamalan un rapport ambigu, admirant sa façon de jouer sur les apparences, mais réfutant son parti pris idéologique. Laugier en a retenu que l’ambivalence est un outil très efficace pour déstabiliser le spectateur, et il en joue avec cette histoire de complot visant à recaser les enfants pauvres dans un environnement plus propice à leur épanouissement.

Laugier cite une autre influence, plus inattendue : il s’agit de Claude Sautet. L’occasion est arrivée au moment où il devait mettre en scène les habitants de la ville rassemblés dans le restaurant. Il aurait pu filmer à l’américaine, en utilisant des contre plongées, mais Laugier a bien senti que ce n’était pas sa culture. A la place, il a préféré placer sa caméra à hauteur d’hommes, s’inspirant des scènes de bistro de Sautet.

Pour incarner le personnage principal, le cinéaste avait besoin d’une héroïne hitchcockienne, et très vite, ses recherches l’ont mené à Jessica Biel, à qui il a proposé le rôle sans trop y croire. Par chance, elle était libre et a répondu favorablement. Il est possible qu’elle ait apprécié cette occasion de sortir de la routine dans laquelle elle s’était installée.

Rebaptisé The secret en France, le film est sorti avec le soutien d’une importante promotion. Il a attiré plus de 700 000 spectateurs en France, ce qui est un résultat plus qu’honorable.