3 HOMMES À ABATTRE

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Flingue brandi, blouson en cuir, Alain Delon au sommet de sa gloire, couche en joue sur l’affiche le public français. Trois hommes à abattre de Jacques Deray est en 1980 un film noir marquant dans une époque où le cinéma français en était saturé.

Mais avec son pessimisme glaçant il représente un courant lancé par Melville et qui va s’épanouir jusqu’à se caricaturer avec l’éternel Samouraï de Delon. Parce qu’un joueur professionnel veut porter secours à des accidentés il va se retrouver la cible de tueurs.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE POINT DE NON-RETOUR DE JOHN BOORMAN (1967) (Une sorte de mètre-étalon moderne du film d'homme traqué, en butte à une "organisation". D'une rare efficacité et en soi, presque une abstraction, c'est une oeuvre impressionnante sur la survie, la solitude.) ou encore NADA DE CLAUDE CHABROL (1974) (Une curiosité dans l'oeuvre de Chabrol, mais surtout une autre adaptation d'un roman de Jean-Patrick Manchette. Dans l'air du temps, très seventies, un film où les groupes anarchistes livrent un combat révolutionnaire.).

Rendons à César ce qui est à César, Delon est partout dans Trois hommes à abattre. Pas seulement sur l’affiche, pas seulement dans le rôle principal et celui du producteur. Il y est aussi comme co-scénariste et comme directeur de casting. C’est un film delonisé comme il y en eut beaucoup dans les années 70, la star prenant le pouvoir sur le film. Mais rendons aux artistes ce qui leur est dû.

Jacques Deray qui fut le meilleur ouvrier de Delon signe ici un film élégant formellement et surtout sert une histoire tirée d’un roman de Jean-Patrick Manchette. Manchette est une sorte de légende du polar français. Il écrivit des livres parce qu’il voulait faire du cinéma et le cinéma ne le lui rendit pas toujours très bien. Essentiellement parce que l’écrivain était un gauchiste plus proche de Debord et du situationnisme que de la morale des truands. Paradoxalement c’est Delon pourtant politiquement opposé à l’auteur qui permettra une véritable trilogie Manchette dans les années 80. C’est d’abord Trois hommes à abattre d’après le Petit bleu de la côte ouest paru en 1976. Viendra ensuite en 1981 Pour la peau d’un flic réalisé par Delon lui-même et adapté du roman Que d’os sorti en en 1975. Enfin, en 1982, c’est Le choc un film de Robin Davis d’après La position du tireur couché paru la même année. Cependant on se souviendra aussi des adaptations méritoires de Manchette chez Chabrol avec Nada (1973), et surtout de Polar de Jacques Bral en 1983.

Trois hommes à abattre bénéficie de la présence d’une troupe d’acteurs amis, imposés par Delon : Jean-Pierre Darras, Pierre Dux et surtout Michel Auclair. Côté dame le bel Alain a aussi amené dans sa hotte le sculptural mannequin italien Dalila di Lazzaro. C’est le septième film de Delon dirigé par Deray et ce fut un triomphe. Près de deux millions de spectateurs, à une époque où on se rue sur les boulevards pour voir le dernier Delon avant la sortie du nouveau Belmondo. Toute une époque…

Je conçois très bien que les défauts évidents de "Trois hommes à abattre" puissent rebuter, mais pour ma part je retiens plutôt sa capacité à offrir un divertissement à suspense de belle facture, qui vient titiller la fibre nostalgique de ces early eighties. Il s'agit ...

     Alain aborde sa période alimentaire. Pas la plus brillante, il est vrai, mais on ne peut pas briller tout le temps, n’est-ce pas ? Par contre jeter ce film comme le font  facilement les puristes,et les ayatollahs du bon goût cinématographique ...

Après une série de films peu valorisants comme Attention les enfants regardent, le Toubib ou Airport 80 Concorde... Alain Delon avait envie d'orienter sa carrière en s'alignant sur celle de son concurrent et néanmoins ami Belmondo ; on voit en effet qu'il tente de rester dans ...