ADOLESCENTES LIBERTINES

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Chef opérateur dans les années 70 de nombreux films érotiques allemands tels que Filles et sex machine, Les Dragueuses et Les minettes font la queue, producteur-réalisateur comblé de la série de Josefine Mutzenbacher, Gunter Otto a aussi commis jusqu’au début des années 90 de nombreux pornos sans prétentions, rapidement troussés dans une bonne humeur potache.
Adolescentes libertines, tourné en 1980, est de ceux-là. Ne s’embarrassant guère de vraisemblances, il piétine allégrement les bases de la psychologie pour déclencher des scènes pornographiques au moindre prétexte. Sans autre souci de continuité, le film semble d’ailleurs juxtaposer deux épisodes bien distincts, relié par le miracle d’une voix off providentielle.
Le point commun est une actrice dont il est bien dommage d’ignorer le nom tant elle est prodigieuse. En secrétaire puis en serveuse, la prénommée Helga témoigne d’un appétit vorace qui transcende le film. A la sortie vidéo française, sous le titre plus approprié de Régale-moi comme une brute, un critique avait écrit : « la splendide brune au tempérament de feu et à l’irrésistible croupe passe difficilement inaperçue tant elle joue avec une incroyable conviction chaque scène hard. » Plus de trente ans après, l’appréciation sonne toujours aussi juste. Helga fait preuve d’un entrain et d’un naturel qu’on trouve difficilement dans la pornographie formatée des années 2000.

 
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Le fantasme de la secrétaire et celui de la serveuse, l’une dévouée à son patron et l’autre au service de la clientèle, sont des prétextes classiques du cinéma porno. Vus par Gunter Otto, ils dérapent immédiatement dans une finesse colossale. Venu de la comédie érotique, Otto invente des gags pornos. Le slapstick trouve ici une équivalence sexuelle. Le film commence avec une course poursuite qui ne fait qu’augmenter l’excitation des protagonistes. Le godemichet perd un morceau dans le sexe de Helga. Regardant par le trou d’une serrure, le patron est aspergé du sperme du vigile.
Surtout, la pornographie retrouve le souffle corrosif du cinéma burlesque. Les convenances sont balayées, depuis la fausse fidélité de la secrétaire jusqu’au vernis social de la femme du patron qui avoue, en se masturbant, qu’elle est une salope et que sa chatte a envie d’une grosse bite. Ce sont ses termes ! Le cinéaste crée un univers en folie, guidé par la frénésie sexuelle et la nymphomanie, dans un crescendo digne des grands films burlesques.
Citons enfin Sepp Gneissl, dans le rôle du patron obsédé, qui réunit à la fois les qualités d’un hardeur et celles d’un acteur comique. Le burlesque engage le corps du comédien : Sepp Gneissl l’a prouvé ainsi de manière éclatante en trimbalant sa dégaine dans un grand nombre de pornos allemands, parmi lesquels Josefine Mutzenbacher et Laissez faire vos fesses dans lequel il jouait un huissier qui mettait aux enchères des femmes endettées. Retiré du porno, il est aujourd’hui une figure connue du théâtre de boulevard munichois où l’un de ses rôles phares fut le moine Bruder Johannes.