ALICE ET LE MAIRE

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Lorsqu'Alice et le maire a été mis en chantier, des échos dans la presse parlaient d'inquiétude de Gérard Collomb quant au film de Nicolas Pariser. A tort : pas question de révéler les coulisses et intrigues de palais autour du maire de Lyon, mais d'interroger, au travers des échanges entre un maire de Lyon usé et une jeune philosophe engagée pour revigorer ses discours, la manière dont se fait la politique en France aujourd'hui.  

Cette idée était déjà motrice du Grand jeu, le premier long métrage de Pariser via une relecture policière de l'affaire dite de Tarnac. Alice et le maire la met plus frontalement en avant dans une comédie. Le goût de fable donné par le titre se reflétant dans l'essentiel : un dialogue entre un élu et une représentante de la société civile, d'un homme au sommet d'une carrière publique mais qui ne sait plus comment la penser et d'une femme qui réfléchit sur tout mais ne sait pas gérer sa vie privée. 

Des échanges fleuris et acérés, sans manichéisme, pour s'attaquer à un enjeu contemporain urgent : raviver une fibre politique demandant d'allier réflexion et actes. Loin d'une vision cynique ou déçue Alice et le maire reste lucide mais dénote dans sa manière de placer la morale de ce délicieux conte moderne à la Rohmer sous le signe d'une envie d'y croire malgré tout. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver QUAI D'ORSAY (Une comédie sur les petites mains du pouvoir) ou encore L'EXERCICE DE L'ÉTAT (Un autre film se passant dans les coulisses du pouvoir français).

Nicolas Pariser rêvait de travailler avec Fabrice Luchini, mais a longtemps buté sur quel rôle lui proposer. En parallèle, il a longtemps planché sur un scénario autour d'une jeune femme qui ne s'avouait pas vouloir s'engager en politique et passait par divers métiers avant de l'admettre. Ces deux projets fusionneront lorsque Pariser découvrira Le président, documentaire d'Yves Jeuland sur Georges Frêche, le président de région à la forte personnalité, agissant comme un déclic sur quel personnage faire jouer par Luchini, le transformant en maire de Lyon avant d'y greffer la protagoniste de l'autre scénario, devenu assistante malgré elle.    

De son titre aux relations qui se nouent entre un élu de longue date et une jeune philosophe, Alice et le maire fait de nombreux clins d'oeil au cinéma d'Eric Rohmer. Ils sont totalement assumés par Pariser, non seulement fan de l'oeuvre du cinéaste, mais qui fut le seul enseignant en cinéma dont il a suivi les cours. Alice et le maire devait d'ailleurs être initialement encore plus proche du travail de Rohmer, en ne reposant que sur les conversations entre les deux personnages, comme un traité philosophique en images. Pariser finira par y incorporer d'autres lignes de récit. 

Alice et le maire s'autorise par ailleurs d'autres références, certaines amenées par Luchini, qui lors des conversations avec Pariser pour préparer son rôle, fera souvent allusion à Sacha Guitry, et à son habitude d'écrire ou interpréter des personnages qui dissimulent derrière une tendance à être perpétuellement en représentation, une face intime plus tourmentée. Pariser amènera de son côté, le sens du rythme d'À la Maison Blanche, la série télé écrite par Aaron Sorkin, dont il reprendra pour la description du petit théâtre qu'est l'administration d'une grande ville, l'omniprésence du politique dans les attitudes comme dans les gestes ordinaires, ou le mouvement permanent des personnages qui ont cependant du mal à agir.

Fabrice LUCHINI incarne Paul THÉRANEAU, maire de Lyon, jadis dynamique et plein de verve, mais qui n’a plus d’énergie. Ses collaborateurs font donc appel à Alice HEIMANN (Anaïs DEMOUSTIER) une jeune philosophe, chargée de lui redonner des idées afin de faire repartir ...

Alice et le maire de Nicolas Pariser est un très beau film, qui par sa qualité à observer les détails de la vie politique, arrive à faire se télescoper deux notions : celle de la pensée et celle du mouvement. Dans un milieu politique en perpétuel mouvement et dont l’action ...

Fabrice Luchini joue toujours plusieurs rôles : ceux qu’on écrit pour lui dans les films, et celui qu’il se forge dans la personnalité qu’il trimbale sur les plateaux à l’occasion de sa promo. Un rôle volubile, jubilatoire, lucide aussi, celui-ci reconnaissant volontiers ...