ALLÔ BERLIN, ICI PARIS

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Les amours épistolaires c’était il y a deux siècles, les amours en ligne c’est aujourd’hui. Mais entretemps on a eu les passions téléphoniques.

 

Dès 1932 le grand Julien Duvivier réalise un film charmant,  un film de standard téléphonique. Il envoie un message pacifique puisque la jolie standardiste parisienne va tomber amoureuse de son homologue allemand dont elle ne connait que la voix. On peut dire que la française va alors envahir l’Allemagne. Josette Day et Wolfgang Klein rêvent de réconciliation sur l’oreiller mais l’inévitable vaudeville va s’en mêler.

 

Un film méconnu avec des acteurs oubliés le charme mélancolique du début des années 30 qui étaient encore un peu folles.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver VOUS AVEZ UN MESS@GE (A la fin des années 90, l'e-mail révolutionne la communication. C'est le point de départ de cette comédie romantique où les amoureux se rencontrent en ligne.) ou encore DENISE AU TÉLÉPHONE (Parce que, comme son titre l'indique, on passe beaucoup de temps au téléphone dans cette comédie new-yorkaise.).

Un drôle de film de Julien Duvivier plutôt qu’une drôle de guerre. Le plus misanthrope des cinéastes français de l’époque est encore en phase de maturation. C’est son troisième film parlant et il est déjà connu pour avoir signé David Golder, grand succès critique et public. La Tobis, grosse firme allemande coproduit Allo Berlin ici Paris, et l’intention est clairement à la réconciliation des ennemis héréditaires.

 

Le film même s’il est encore imprégné de son héritage muet, avec notamment une grandiloquence des comédiens, fait preuve d’une belle audace. On y parle français et allemand, pas toujours bien, on y sous-titre des conversations et le cinéaste se sert de la hiérarchie sourcilleuse pour montrer la méfiance envers les conversations privées. Si une bonne partie de l’œuvre a été tournée en studio, on y voit aussi des extérieurs parisiens, un cabaret, voire des usines ce qui loin de l’image d’Epinal du gross paris donne un cachet très émouvant à l’aventure de ces amoureux contrariés plus de quatre-vingt ans après. Ce pourrait être la rencontre de nos arrières-grands parents. Signalons que « Chanson lasse » qu’on peut entendre dans le cabaret parisien a été écrite, les paroles en tout cas par Duvivier lui-même.

 

Côté casting la douce Josette Day qui sera une des madame Pagnol et une de ses interprètes d’ailleurs, était déjà une vedette du muet. Son film le plus célèbre sera bien sur « La belle et la bête » de Jean Cocteau en 1946. Un an après la sortie du film Hitler prenait le pouvoir en Allemagne. Comme quoi les histoires d’amour finissent mal, en général.