ANGEL HEART (VERSION RESTAURÉE)

en VOD

Avec cette adaptation du roman de William Hjorstberg, Alan Parker tente une expérience inédite en assemblant deux genres, le film noir et le film d’horreur à caractère surnaturel. Située dans les années 50, l’histoire suit l’enquête du détective privé Harry Angel pour retrouver le mystérieux Johnny Favorite, un soldat disparu un peu avant la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

Le commanditaire est un personnage élégant et autoritaire joué par Robert de Niro, tandis que Mickey Rourke incarne le détective dont l’apparence négligée ne fera que se dégrader au fil du temps. Son enquête le mènera en Louisiane, pays vaudou, où la plupart des gens qu’il interroge meurent de mort violente.

Avec son style habituel qu’on peut qualifier de visuellement osé, Alan Parker ne fait pas dans la demi-mesure pour illustrer un récit intense, dont la révélation finale donne irrésistiblement envie de revoir le film pour remettre tous les éléments en place.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI (Parce que bien des expériences sont faites en Allemagne aussi..) ou encore BLOOD SIMPLE (Parce que cette enquête va, elle aussi, vous dévoiler un sombre personnage machiavélique et imprévisible...).

Alors que le roman est intégralement situé à New York, Alan Parker a déplacé une bonne partie de l’action à la Nouvelle Orléans, suivant la suggestion de l’auteur du roman William Hjorstberg. A cause de sa pratique généralisée du vaudou, la Louisiane se prête particulièrement à l’atmosphère magique de ce film dont les clés ne sont pas seulement pratiques mais aussi symboliques.

Harry Angel possède un trousseau de clés passe-partout qui lui sert à ouvrir les portes, mais Margaret Krusemark (jouée par Charlotte Rampling) y fait aussi allusion lorsqu’elle évoque la « main de gloire », qui est la main prélevée sur le cadavre d’un voleur condamné à la potence, et que les adeptes de la sorcellerie utilisent pour ouvrir les portes closes.

Le personnage joué par Robert de Niro s’appelle Louis Cyphre, dont la prononciation évoque assez ouvertement Lucifer. Quant à Johnny Favorite, son nom évoque l’apôtre Jean, qui était le favori du Christ. C’est une façon ironique de brouiller les pistes en suggérant que la quête du détective se résume encore à la traditionnelle lutte du bien contre le mal, en apparence au moins. Un autre indice est le nom de la société d’avocats Winesap and Mackintosh, qui désignent aussi deux variétés de pommes, le légendaire fruit défendu symbole de tentation cueilli dans le jardin d’Eden.

Lorsqu’on revoit le film en connaissant la véritable identité de Harry Angel, beaucoup de détails prennent une importance insoupçonnée à la première vision. On peut notamment constater que le personnage manipule systématiquement toutes les armes ou accessoires liés aux meurtres de ses victimes, comme le couteau, la marmite, la bible, un rasoir… Il est possible aussi qu’Angel heart ait inspiré le manga adapté par Park Chan Wook avec Old boy, dont on retrouve certains éléments importants : l’enquête prescrite par un commanditaire manipulateur, l’amnésie du personnage principal, l’inceste. Lisa Bonet a fait ses débuts d’actrice avec Angel heart, mais à cause de ses scènes de sexe, elle a été renvoyée du Cosby show qui avait contribué à sa notoriété.

Si vous essayez de mesurer la popularité d'Angel Heart en farfouillant sur la toile, vous remarquerez à quel point le film d'Alan Parker n'est finalement pas toujours très apprécié. Certains pointent du doigt une foule de poncifs, un montage trop démonstratif, une interprétation ...

Angel Heart s’inscrit parfaitement dans cette catégorie de films dont on se demande si le revisionnage n’est pas une mauvaise idée. Plusieurs arguments vont dans ce sens : son époque, les 80’s, qui fait partie de celles qui vieillissent le plus mal. Son réalisateur, qui ...

Assez étrangement, je ne peux m’empêcher de rapprocher Angel Heart de Jacob’s Ladder, bien que ce dernier soit postérieur. Il y a ce quelque chose dans la forme ; bleutée, moite, organique, même si moins clinique. Il y a de cette vision urbaine aliénante et crade, presque ...