BERNADETTE

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Faire une fiction politique est toujours un exercice très délicat. Généralement, deux options majeures s’offrent. Soit il est possible de faire un brûlot premier degré, ou en tout cas d’opter pour une approche sérieuse, comme Alice et le maire ou L'Exercice de l’Etat, soit il convient de se lancer avec un ton plus décalé (Pater d’Alain Cavalier) voire carrément sarcastique (Présidents d’Anne Fontaine ou Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier). En rapprochant la politique de la farce et du grotesque, un certain recul apparaît. C’est totalement dans cette veine que s’inscrit le film de Léa Domenach : Bernadette. 

Bernadette Chirac est montrée via un regard caustique et tendre : celle d’une femme de l’ombre qui, à un moment donné, décide de reprendre les rênes de sa vie et de cesser de passer après Jacques, alors Président de la République. Le film avertit que nombre de ses événements sont fictionnels. Et à voir certaines références (des paroles prêtées aux personnages, des rumeurs devenues secrets de polichinelles comme le Président introuvable car en train de passer la nuit avec Claudia Cardinale) ou les parodies de personnages (notamment Laurent Stocker en Nicolas Sarkozy), Bernadette s’ancre dans la digne lignée des Guignols, émission phare de Canal +. 

C’est pourtant aussi hommage décalé où les accomplissements de Madame Chirac, des pièces jaunes à son sens de la communication, racontent une vision très subjective de la première dame. Le film trahit surtout une image publique et populaire qu’a acquis au fil des années l’élue de Corrèze. En clair, c’est une histoire d’émancipation féminine d’un personnage pourtant vieux jeu. Le ton léger permet d’éviter le biopic pontifiant et documenté. Ici prime le regard décalé et gentiment irrévérencieux. 

Dans le même genre, vous pourriez aimer La Conquête de Xavier Durringer, où Denis Podalydès (présent aussi dans Bernadette), jouait Nicolas Sarkozy dans un film centré sur son intimité. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver GAZ DE FRANCE (Dans Gaz de France, le président de la République s'appelle Philippe Katherine. S'il était marié à Catherine Deneuve, première dame chez Léa Domenach, elle s'appellerait Catherine Katherine et ils feraient un beau couple présidentiel pour une comédie) ou encore LA CONQUÊTE (L'histoire de l'ascension politique et des déboires intimes de Nicolas Sarkozy se rapprochent pas mal du portrait décalé de Bernadette Chirac.).

Le choix de Catherine Deneuve n’est pas anodin. Elle était presque le seul possible pour trouver une actrice plus populaire et plus connue encore que Bernadette Chirac elle-même. Dès lors, aucune tentation de se grimer en Madame Chirac. Il suffit d’en tirer ses traits de caractère, son style, et Deneuve sait faire le reste. Elle a d’ailleurs excellé dans un autre rôle, Palais Royal ! de Valérie Lemercier, où la “grande Catherine” jouait une variation de la reine Elizabeth II. Elle jouait aussi la même partition dans Astérix et Obélix : Au service de sa Majesté.  

Plus intéressant encore, cette incarnation de Bernadette Chirac tout en rébellion et en tailleur bourgeois rappelle son excellent rôle dans Potiche de François Ozon. Dans ce dernier, elle se rebellait contre l’ennui et son mari très riche et renouait avec une dimension plus populaire de son passé. Les deux personnages se ressemblent énormément et force est de constater que Catherine Deneuve est aussi drôle que touchante à chaque fois.  

Bernadette n’occulte d’ailleurs pas complètement les aspects les plus sombres de sa vie : les infidélités maritales qui la blesse, un manque de considération des cols blancs qui la regarde avec dédain et surtout ses relations avec sa fille Laurence, souffrant d’anorexie et dont la vie fut triste jusqu’au bout. Le film n’oublie pas non plus (même si traité en surface) les mises en examen de Jacques Chirac ainsi qu’un sens aigu du couple de la manipulation des médias. Bernadette est un film décidément rempli de surprises, car combien peuvent se targuer de mélanger aussi naturellement les magouilles de la politique et un extrait de Merguez Party des Musclés (si si) ? 

Évocation de la vie de Bernadette Chirac, le métrage débute peu avant l’élection de son époux.Les dialogues recèlent d’une profusion d’apophtegmes mordants (« C'est important, la fidélité »), chenus et patriarcaux (« si vous voulez m’aider, restez sagement ...

Le film se focalise sur les années de présidence de Chirac, soit entre 1995 et 2007, et force est de constater que la grande partie du film repose bel et bien sur des faits avérés. Ainsi les grandes lignes, les grandes dates, les grands événements mais aussi certains dialogues ...

Après la victoire de son mari aux présidentielles de 1995, Bernadette Chirac arrive à l’Élysée, espérant récolter les fruits de son dévouement, mais rien ne se passe. Jugée à la fois ringarde et dépassé, elle va, avec l'aide d'un chargé de communication, ...