BRUNO REIDAL, CONFESSION D'UN MEURTRIER

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En France, parmi les faits divers recensés en 1905, il y a celui, particulièrement odieux, d’un enfant assassiné et décapité par un adolescent de 17 ans. Ce fut l’affaire Bruno Reidal étudiée par le professeur Alexandre Lacassagne, un des pères de l’anthropologie criminelle. 

L’affaire, aujourd’hui bien oubliée, est ressuscitée par Bruno Reidal, confession d’un meurtrier, premier film réalisé par Vincent Le Port en 2022. Cette oeuvre est marquée par une économie de moyen et un style visuel d’un naturalisme paysan très scrupuleux. 

La vie du jeune assassin est racontée en flash-back, au rythme de son témoignage écrit, sollicité par le médecin. Le jeune homme est incarné  par Dimitri Doré et le psychologue par Jean-Luc Vincent. Le Cantal, son monde rural et religieux servent de décor au tourment d’un enfant hanté par le fantasme de meurtre. Âpre mais beau comme du Bresson.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ROBERTO SUCCO DE CEDRIC KAHN (2001) (Inspiré du destin tragique d'un tueur italien, le film s'attache moins à décrire les péripéties criminelles que la pathologie d'un garçon qui plonge dans sa folie jusqu'au sacrifice suprême.) ou encore LE JUGE ET L'ASSASSIN DE BERTRAND TAVERNIER (1976 ) (Inspiré de faits authentiques, une étude scrupuleuse d'une époque, d'un fait divers et d'une enquête pour comprendre la pulsion homicide d'un homme fruste. Sans pathos et sans discours le film a permis à Michel Galabru de jouer enfin un personnage complexe et inquiétant.).

Au-delà de la tragédie criminelle, le film affiche une interrogation métaphysique singulière. Il montre un enfant puis un adolescent littéralement possédé par le mal qui lutte contre des pulsions sexuelles morbides dans une ambiguïté troublante. Bruno est un excellent élève qui cherche à se réfugier au séminaire et dans la foi pour isoler littéralement la part maléfique de lui-même. C’est un double tragique comme le fameux doppelgänger du romantisme allemand. 

Le cinéaste Vincent Le Port a travaillé cinq ans sur le script, après avoir découvert cette histoire dans un livre-enquête sur les serial-killers. Il s’est ensuite attaché à trouver des visages inconnus pour jouer les trois incarnation du tueur. Il voulait des jeunes du cru, non-professionnel. C’est Jean-Luc Vincent, acteur de métier qui a recommandé Dimitri Doré qui incarne Bruno à l’âge adulte. 

Le realisateur a tourné dans le Cantal et l’Aveyron, non loin des lieux où se sont déroulés les faits historiques. Puis il a « habillé » le film avec la musique d’une oeuvre singulière le « Quatuor pour la fin des temps » d’Olivier Messiaen. Un choix qui donne au film son ambiguïté dans une quête de sens métaphysique entre le paganisme et la foi. Si le Diable est de retour dans le cinéma français, Dieu n’est donc pas loin.

A quoi bon exhumer cet effroyable fait divers remontant à plus d'un siècle et mettre en lumière l'acte atroce d'un séminariste de dix-sept ans travaillé de pulsions sadiques qui finalement les assouvit en assassinant par décapitation un petit berger de cinq ans ...

C’est tiré d’une histoire vraie, comme on dit. L’histoire vraie d’une affaire, l’affaire Bruno Reidal, brutale et insondable. Ou comment, en 1905 dans un petit village du Cantal, un séminariste de 17 ans, chétif et timide, a commis le meurtre par décapitation d’un ...

Je suis pas fou. Je veux pas l’être. C’est par cette réponse que commence la confession de Bruno Reidal, devant un comité d’experts tentant, en 1905, de comprendre comment ce jeune homme de 17 ans en est arrivé à décapiter un enfant. Fait notable, le garçon est un ...