COMME UN AIMANT

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Entre les chroniques de l'Estaque chères à Robert Guédiguian et le Mistral de Plus belle la vie, il existe un autre Marseille de fiction, celui d'Akhenaton. L'un des rappeurs d'IAM n'a jamais caché sa passion pour le cinéma ni celle pour sa ville. Il était sans doute logique qu'il finisse par lier les deux avec Comme un aimant.

Coréalisé avec Kamel Saleh, Comme un aimant s'immerge dans les rues du Panier, l'un des quartiers les plus populaires de Marseille, celui qui a hébergé des millénaires durant, les immigrés venus de tous les coins de la Méditerranée. Comme un aimant en fait une sorte de cour des miracles "avé l'assent", où glandent une bande de huit potes qui ne sont jamais vraiment sortis de l'adolescence, mais vont bientôt entrer dans l'âge adulte en passant par la case faits divers.

Comme un aimant est nourri par l'art de la tchatche et l'amour du cinéma indépendant américain des années 70, s'inspirant ouvertement par son portrait d'une communauté ou par sa B.O presque plus soul que rap, des codes de la blaxploitation. Mais aussi du Mean Streets de Scorsese, par ses personnages de loulous phocéens entre frime, petites magouilles et envie de grimper dans l'échelle sociale ou la sensation prégnante que tout peut, va, déraper. Du vrai cinéma de quartier en somme.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MEAN STREETS (Claire influence d'Akhenaton et Kamel Saleh, la chronique urbaine dans le quartier newyorkais de Little Italy par Martin Scorsese est peu ou prou délocalisée à Marseille dans Comme un aimant) ou encore BYE-BYE (Cinq ans avant Comme un aimant, Karim Dridi signe un autre portrait de la jeunesse marseillaise tentée par la délinquance).

Les textes des chansons d'IAM ont été dès le départ nourris par une fibre sociale et des références au cinéma, à coups de samples ou de clins d'oeil. Comme un aimant aura fait le parcours inverse en étant inspiré par un des titres du groupe de rap: L'aimant.

Si IAM fut reconnu du grand public avec des morceaux festifs, notamment leur fameux Je danse le MIA, L'aimant est un de leurs plus sombres, chronique d'une vie de quartier ou le deal ou les embrouilles sont le seul horizon possible. Le scénario de Comme un aimant estompe quelque peu cette fatalité, tout en restant dans ce paysage de déliquescence urbaine. Un ton bien éloigné de Taxi 1 et 2 pour lesquels IAM avait écrit quelques morceaux de la bande originale. Une incursion qui faillit se reproduire lorsqu'il fut proposé au groupe de participer à celle de Gomorra, le film de Matteo Garone sur la mafia napolitaine. L'affaire entre la production et le groupe ne s'est jamais conclue pour d'obscures raisons.

Tout aussi obscure, la discrétion en salles à sa sortie de Comme un aimant, après un passage à Cannes, à la Quinzaine des réalisateurs. Succès d'estime faisant, Akhenaton ne repassera derrière la caméra que dix ans plus tard pour, Contes de la frustration. Le rappeur-cinéaste ne changeant pas son fusil d'épaule: ce téléfilm suit sur vingt-quatre heure un jeune homme entre petits boulots et rêves de vie dorée qui va faire un mauvais choix... la force magnétique de l'aimant sans doute...