COMMENT C'EST LOIN

en VOD

Le rap a inspiré nombre de films américains, mais aucun français, sinon peut-être Fatal, de Michael Youn, mais il s’agissait d’une parodie. Avec Comment c’est loin, Aurélien Cotentin, alias Orelsan, comble un vide en nous donnant à partager la vie de deux zicos qui n’ont pas eu la chance de grandir à Compton, banlieue de Los Angeles, mais plus bêtement dans la campagne du côté de Caen.

Le film décrit le quotidien d’un duo de galériens de la rime urbaine et leur difficulté à terminer une chanson. Il faut dire que ces experts en procrastination ont le chic pour se laisser envahir, tantôt par l’angoisse de l’échec, tantôt par les copains qui viennent squatter leur canapé. Quand leur producteur leur donne 24 heures pour boucler une chanson, il leur faut s’arracher à leur immobilisme.

Avant le long métrage, il y avait eu l’album concept Casseurs Flowters, sorti en novembre 2013 qu’Orelsan et Gringe, son acolyte, avaient défendu durant une tournée de cent dates à travers la France. Orelsan, décrit Comment c’est loin comme un « film générationnel, léger et populaire, social par endroits », mais aussi comme une « semi-comédie musicale ». Un terme plein d’ironie de la part d’un artiste qui, contrairement à l’image de velléitaire qu’il aime donner, ne fait jamais les choses à moitié.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver STRAIGHT OUTTA COMPTON (L'épopée du groupe NWA à Compton) ou encore LE COME-BACK (2007) (L'histoire d'un ancien auteur à succès, contraint de réécrire des chansons...).

Agé de 33 ans, Orelsan présente un pedigree atypique dans le monde du rap, puisqu’il est fils d’enseignants, provincial et qu’il a mené des études supérieures. C’est sur internet qu’il se fait connaître en 2008 en postant de petites chansons, jusqu’à rencontrer Skread, le producteur de Booba, de Rohff et de Diam’s avec qui il enregistre son premier album. En 2012, il a remporté deux victoires de la musique.

Pour mener à bien son film, Orelsan a su s’entourer. Sa dernière version du scénario a reçu l’aide de Stéphanie Murat, actrice, productrice et réalisatrice, à qui on doit notamment Max, interprété par Joey Starr. Elle lui a apporté dit-il sa tendresse et sa bienveillance, en prenant soin que chaque personnage ait un fond, une humanité et une «petite musique » comme elle aime à le dire.

Orelsan a aussi coréalisé son film avec un grand monsieur, Christophe Offenstein, directeur de la photo, récompensé d’un César en 2016 pour Valley of Love de Guillaume Nicloux. Christophe aime guider les premiers pas de jeunes talents puisqu’il a par exemple assuré le cadre de tous les courts et longs métrages de Guillaume Canet. « C’est assez beau de travailler avec lui confie le rappeur. Il m’a appris à économiser les plans et les effets, à me rapprocher de mon sujet ». Et le fait est qu’à la fin, son sujet, Orelsan le domine.

"Putain mais quand est-ce qu'on a commencé à kiffer la médiocrité comme ça nous?" Avoir des rêves, c'est pas fait pour les réaliser, c'est bien trop effrayant. C'est rassurant de se dire qu'on ne met rien en œuvre pour réussir. De se dire "De toute façon je suis ...

[Qu'on me permette d'emprunter mon titre au désopilant livre de Denis Grozdanovitch, tant celui-ci me semble à propos pour parler de ce film] C'est qu'ils font "presque" quelque chose, Orel et Gringe : entre deux sessions canapé, stations debout à l'arrêt de bus en vue d'un ...

J'ai enfin vu le film Comment c'est loin, depuis le temps que je saigne la bande son, je vous cache pas que j'en attendais beaucoup (tout en sachant que ça n'allait pas être un chef d'œuvre). J'ai été ni déçu ni surpris par le film, je le trouve à l'image des Casseurs ...