DADDY NOSTALGIE

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Dire à ceux qu’on aime qu’on les aime, avant qu’il ne soit trop tard... Partant de ce principe de vie hélas trop souvent oublié, Bertrand Tavernier signe avec Daddy nostalgie une œuvre à part dans sa très riche filmographie.

Nous sommes dans le sud de la France. Caroline, scénariste d’origine irlandaise, décide de se rendre dans le Var où son père a été hospitalisé. L’occasion de renouer des liens que le temps et des absences de jeunesse ont par trop distendus. Mais souvent, à peine s’est-on retrouvé qu’il faut déjà se quitter...

Jane Birkin, Dirk Bogarde (dont ce sera le tout dernier long métrage) et Odette Laure forment le trio émouvant de ce mélodrame attachant, présenté en compétition au festival de Cannes 1990. Un film que Tavernier a dédié à un autre cinéaste, Michael Powell, (l’auteur sous-estimé des Chaussons rouges), disparu durant le montage ainsi d’ailleurs que le propre père du réalisateur, l’écrivain et journaliste résistant René Tavernier...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES SOUVENIRS (Quand on pressent que celui ou celle qu'on aime va partir et nous laisser seul, le temps des adieux est le plus difficile mais aussi le plus précieux...) ou encore LA VIE TRES PRIVEE DE MR SIM (Faire enfin connaissance avec son père avant qu'il ne soit trop tard. Expérience douloureuse et vitale pour Jane Birkin comme pour Jean-Pierre Bacri...).

C’est un lieu commun que de dire que Bertrand Tavernier est la mémoire vivante française du cinéma. Si j’osais, j’ajouterais que le metteur en scène est même la Bible du 7e art. Tous genres confondus, voilà un homme capable d’analyser à la demande, sur la prononciation d’un simple nom, des séquences entières de grands classiques mais aussi de films parfois oubliés... Regarder son Voyage à travers le cinéma français, sorti sur les écrans à l’automne 2016 est un moment de bonheur indescriptible pour tout cinéphile qui se respecte. De Jacques Becker à Claude Sautet en passant par Julien Duvivier et Jean Renoir, on y croise le ban et l’arrière ban du 7e art tricolore et des stars comme Gabin, Signoret, Michel Simon ou Romy Schneider...

Mais avant d’être une encyclopédie des films des autres, Tavernier est surtout un immense cinéaste qui, depuis le milieu des années 60 (après une carrière remarquée et formatrice de critique à « Positif » ou aux « Cahiers du cinéma »), distille régulièrement des perles pelliculées sur nos écrans... Daddy nostalgie que vous venez de regarder s’inscrit dans un registre plus sensible auquel on ne fait pas immédiatement référence quand on cite le nom de Tatave, surnom affectueux donné par ses amis et admirateurs... Plus fréquemment cités, ses classiques plutôt rudes comme  l’horloger de Saint-Paul avec Philippe Noiret et Jean Rochefort, Le juge et l’assassin avec de nouveau Noiret et Michel Galabru, ou La mort en direct avec Romy Schneider. 

Mais Bertrand Tavernier, ce sont aussi des comédies acides voire grivoises : Que la fête commence, Coup de torchon ou Quai d’Orsay ou encore des fresques historiques ou l’humanité tente de renaitre de l’inhumanité : La vie et rien d’autre, L627, Capitaine Conan. En fait, vouloir résumer l’oeuvre de Betrand Tavernier est une vaine mission car il a touché à tout : au jazz avec « Autour de minuit, au thriller avec L’appât, au polar américain avec Dans la brume électrique et même au film de cape et d’épée avec La fille de d’Artagnan !