DAWN RAID

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On connaissait la Motown, Six Records ou encore la Stax, Because ou bien Warner, mais ce label-là est un peu plus méconnu en Europe. Dans son film, Dawn Raid, le réalisateur, mais aussi acteur, écrivain, journaliste, metteur en scène et même politicien, Oscar Kightley, revient sur l’incroyable parcours du label néo-zélandais de hip-hop Dawn Raid. 

Dawn Raid est l'histoire de deux étudiants de l'école polytechnique de Manukau, Andy Murane et Tanielu Leaosavai'i (alias Brotha D), qui ont transformé un commerce de t-shirts pirates et une soirée hip-hop dans un bar local d'Otara en l'influent empire Dawn Raid Entertainment. Ce documentaire raconte aussi bien leur ascension fulgurante, la voix qu’ils ont donné à toute une communauté du Pacifique sud ainsi que leur chute tout aussi précipitée. 

Le documentaire raconte aussi bien une histoire personnelle, qu’une histoire de la musique avec l’arrivée du mouvement hip-hop dans les années 1990, venu tout droit des Etats-Unis. Mais c’est aussi un film éminemment politique qui fait référence à la violence subie par la communauté des insulaires du Pacifique, notamment en Nouvelle-Zélande.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MOTOWN : LA VÉRITABLE HISTOIRE DE PAUL JUSTMAN (Tout comme Dawn Raid, il s'agit d'un documentaire sur un label de légende.) ou encore SUGAR MAN DE MALIK BENDJELLOUL (Comme Dawn Raid, le film propose un regard sur un phénomène musical peu ou pas connu du grand public.).

Le label Dawn Raid, c’est avant tout une rencontre dans le cadre d'un programme commercial de l'école polytechnique de Manukau. Celle de Danny Leaosavai'i qui terminait son travail de videur dans un bar à strip-tease du centre d'Auckland à 5 heures du matin et rentrait à South Auckland pour être en cours à 8h30. Et de Andy Murnane, un autre élève, qui avait remarqué la chemise blanche et le pantalon de ville de son camarade de classe et le prenait pour un jeune homme qui prenait au sérieux son apparence et sa carrière. Un partenariat improbable, mais en quelque sorte parfait, est né. Mais surtout très complémentaire. Andy est un inlassable bosseur et commercial, prêt à aller jusqu’au bout pour obtenir ce qu’il souhaite quand Danny Leaosava’i, dit Brotha D, sait repérer dans la seconde un véritable talent. 

Les deux étaient fans de la musique hip-hop venue des Etats-Unis, une musique  qui traite de l'inégalité, du racisme, des sans-abri, de la dépossession et de la réalité de la vie de la rue en général avec plus de perspicacité et d'éloquence que tout autre genre musical ne l'a jamais fait ou ne le fera peut-être jamais. C’est comme ça que Dawn Raid est né. D’une volonté politique que reflète très bien le nom du label qui fait référence aux « raids de l’aube » qui consistait à faire des descentes dans les maisons des familles Pacifika, soient les insulaires du Pacifique pour les renvoyer dans leur pays d’origine sous le gouvernement Muldoon, alors même qu’ils ne représentaient qu'un tiers des personnes en situation irrégulière. Toute une génération de travailleurs et leurs familles, amenés ici lorsque les infrastructures du pays avaient besoin d'être développées, ont soudainement été jugés excédentaires lorsque le travail a été fait et que la bulle économique a éclaté. 

Le réalisateur Oscar Kightley raconte cette histoire comme on lit un roman. Celui d’une ascension fulgurante et d’une chute toute aussi précipitée. Une chute due aussi à un excès d’enthousiasme qui a mené à des dettes fiscales impayées, des dissensions entre les artistes et un sentiment de trahison et d’échec. Mais pas avant que ce label n’est eu le temps de laisser son empreinte pour les générations d’après.