DÉTECTIVE PRIVÉ

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Sorti à Paris, notamment au Max-Linder, le 6 mai 1966, Détective privé est le troisième long métrage de l’Américain Jack Smight (1925-2003), réalisateur de télévision depuis le milieu des années 1950 et futur auteur, entre autres, de l’Homme tatoué – où Rod Steiger avait le corps recouvert de tatouages –, de 747 en Péril – avec le commandant Charlton Heston – et de la Bataille de Midway – avec, cette fois, le capitaine Charton Heston.

Comme vous allez le découvrir dès la première scène du film, Lew Harper, un détective privé californien mâchouillant continuellement son chewing-gum (Paul Newman soi-même), est chargé par Elaine Sampson (Lauren Bacall) de retrouver son excentrique milliardaire de mari, récemment disparu.

L’enquête commence... et je ne vous en dirai pas plus, si ce n’est que vous allez y retrouver : Julie Harris et Shelley Winters ; Janet Leigh et Robert Wagner. Cette enquête dure un certain temps et le film, aussi : 1h56. « Cette longueur insolite dans un genre où l’ellipse et le raccourci sont de rigueur, précisait Michel Pérez dans le journal Combat, laisse au cinéaste le temps de la réflexion et, quelque fois, de la rêverie. »

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ANGEL HEART - AUX PORTES DE L'ENFER (1987) (Le détective privé Harry Ange (Mickey Rourke) enquête pour savoir si Johnny Favourite est mort ou pas...) ou encore LA TOILE D’ARAIGNÉE (1975) (Cette fois, Lew Harper (Paul Newman, encore) enquête sur l’expéditeur d’une mystérieuse lettre anonyme...).

Comme l’écrira Pierre Mazars, critique par « intérim » au Figaro : « Détective privé est de ces films moins inspirés par la vie que par les réminiscences cinématographiques. » De fait, à longueur de colonne ce sont les noms de John Huston, d’Howard Hawks et d’Edward Dmytryk qui furent abondamment cités par les chroniqueurs de l’époque. Et, bien sûr, Newman fut comparé à Humphrey Bogart, ex-partenaire, à la ville comme à l’écran, de Lauren Bacall. Certains évoquèrent, également, la première scène du Grand Sommeil, celle dans laquelle Bogart (alias Philip Marlowe) apprenait d’un vieux général paralysé les grandes lignes de sa mission, tout comme, au début de Détective privé, Newman écoute Lauren Bacall, elle aussi paralysée, lui annoncer ce qu’elle attend de lui. Pour la petite histoire, ces deux séquences furent tournées, à vingt ans d’écart, dans le même studio, celui de la Warner, productrice des deux films.

Le scénario de Détective privé fut adapté d’un roman de Ross MacDonald paru en 1949. Il s’agissait de la première enquête du détective Lew Archer. Mais, à la demande de Paul Newman, lui-même, Archer devint Harper, avec un « H ». Sans doute légèrement superstitieux, le comédien – qui avait hérité du rôle après le désistement de Frank Sinatra – souhaitait que le nom de son personnage, qui allait donner son titre au film (en tout cas aux États-Unis), commence par la lettre « H », comme deux de ses récents succès : The Hustler (en France : l’Arnaqueur) et Hud (en France : le Plus sauvage d'entre tous). D’autres sources prétendent que les producteurs n’eurent pas l’autorisation d’utiliser le nom du héros, n’ayant acheté les droits que d’un seul livre et non de la série complète. Quoi qu’il en soit, neuf ans plus tard, Newman reprenait le personnage d’Harper, face à sa femme Joanne Woodward, dans la Toile d’araignée de Stuart Rosenberg.

Si Gilles Jacob, dans la revue Cinéma, regrette que Détective privé ne soit pas une série B fauchée et se demande même si « un bon film noir peut être en couleur ? », Roger Tailleur, dans Positif, conclut courageusement son article en rapprochant Détective privé et la Guerre est finie, le nouveau film d’Alain Resnais qui devait sortir une semaine plus tard : « Le dernier Resnais, écrit-il, est un film sublime, peut-être le meilleur de son auteur. Mais Détective privé m’a donné le plus grand plaisir de cinémane que j’ai éprouvé depuis bien longtemps. »

L'atout majeur du film est son personnage principal. Il faut dire qu'on lui a attribué de bonnes répliques ce qui le rend très amusant à suivre. Ce détective est un petit malin, capable de tout pour arriver à résoudre l’enquête pour laquelle il a été embauché. Le ton ...

Lors de sa sortie en 1966, ce polar fut apprécié car il revenait au vieux mythe du détective privé cher à Raymond Chandler ; l'ouverture du film ramène le spectateur à l'époque prestigieuse du Grand sommeil , et la présence de Lauren Bacall évoque en même temps Howard ...

Paul Newman apporte son charme et son talent au personnage de Lew Harper (crée par le romancier Ross Macdonald), un détective privé décontracté de L.A. engagé par une riche femme pour enquêter sur son mari disparu. Il va découvrir des choses plus louches les unes que les ...