DRUNK

en VOD

Vous connaissez l’adage cher à la Prévention Routière : « un verre ça va, trois verre bonjour les dégâts ». En voici une variante : « trois verres ça va, un verre bonjour les débats » ! « Drunk » le film de Thomas Vinterberg pose en effet la question de l’alcool mais vu d’un point de vue quasi philosophique.

Le réalisateur danois imagine que 4 amis profs et quinquagénaires vont se lancer dans une expérimentation basée sur les travaux véridiques d’un scientifique, estimant que naturellement le corps humain souffre d’un déficit d’alcool. Solution : boire de plus en plus jusqu’à atteindre la dose suffisante, sans que l’ivresse ne l’emporte... Une expérience qui va on s’en doute leur échapper !

Mads Mikkelsen mène ce quatuor désabusé et attachant dans un film à consommer sans modération, où l’émotion l’emporte vite sur le rire quand il aborde frontalement les thématiques des rêves inachevés, du couple qui s’étiole et de la tentation de tout plaquer quitte à se perdre...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'EXPERIENCE INTERDITE (Jusqu'où peut on aller pour mettre en pratique ses théories ou ses découvertes ? Qu'il s'agisse de la mort ou de l'alcool, le résultat peut s'avérer surprenant...) ou encore LE DERNIER POUR LA ROUTE (L'un est dépendant, l'autre est curieux... François Cluzet et Mads Mikkelsen vont devoir faire l'apprentissage du même fléau : l'alcool...).

En regardant vraiment le film de Thomas Vinterberg, vous aurez évidemment compris que « Drunk » est aux antipodes du concept : « tiens, si on faisait un film sur 4 mecs qui se bourrent la gueule » ! « Very bad trip » de Todd Phillips avait très bien rempli cette mission... Vinterberg lui n’a pas l’habitude d’éviter les sujets qui fâchent : l’inceste dans « Festen », la pédophilie et le poids de la parole de l’enfant dans « La chasse » ou les mensonges d’Etat dans « Kursk »... Ici, c’est donc de l’alcoolisme envisagé comme remède à une vie devenue trop morne dont il est question.

Les ravages de l’abus de boisson est à la fois un drame humain, un fléau sanitaire et un dossier sociétal dont le cinéma s’est souvent emparé. En France, signalons « Le dernier pour la route » de Philippe Godeau sorti en 2000 avec François Cluzet dans le rôle d’Hervé Chabalier, le fondateur de l’agence de presse Capa, qui avait bien failli se noyer dans la bouteille, avant d’intégrer la cure de sevrage de la dernière chance et de raconter cette épreuve dans le livre à succès du même titre...  Les effets secondaires de l’alcool également à l’affiche du « Cercle rouge » de Jean-Pierre Melville en 1970 où Yves Montand incarnait un tireur d’élite atteint de délirium pas très mince, devant surmonter son addiction pour assurer le casse d’une bijouterie organisé par Alain Delon...

Au rayon fantastique, rappelons aussi évidemment « Shining » et « Docteur Sleep », l’un de Stanley Kubrick l’autre de Mike Flanagan, tous deux adaptés des romans de Stephen King, suivant à plusieurs décennies d’écart la vie cauchemardesque de Danny Torrance, doté de pouvoirs psychiques hors-normes, devenu alcoolique comme son père... Une maladie que certaines stars de cinéma ont dû affronter avec plus ou moins de réussite et qui est abordée dans « Judy » où Renée Zellweger prend les traits et la voix de Judy Garland ou dans le documentaire « Amy » consacré à Amy Winehouse, emportée entre autres par sa dépendance à la boisson...

Deux ans seulement après Kursk, son film de sous-marin, Thomas Vinterberg retrouve avec Drunk l’aventure de groupe initiée par Festen et La Communauté. Un retour gagnant pour un film aussi enthousiasmant que désespéré, confirmant ainsi le retour au premier plan du cinéaste ...

La conscience humaine est un fardeau : elle éveille, questionne, et génère un cortège d’insatisfactions sur sa propre personne, au regard de ce qu’on pourrait obtenir, ce qu’on aurait pu faire ou le potentiel qu’on pourrait exploiter. L’individu se retrouve ainsi ...

On pensait Vinterberg incapable d'égaler son formidable "Festen", et on s'était habitué à le voir sortir, bon an, mal an, des films plus ou moins bons. Et voilà que ce merveilleux "Drunk" nous éblouit, nous bouleverse, et nous... interroge. Car, en partant sur une drôle ...