Un Fernandel à moustache, un Fernandel à colt, ca n’est jamais qu’un Fernandel de nanar, de ces grands nanars qu’il a su tourner avec constance et qui nous ravissent toujours cinquante ans plus tard. Signalons à ce propos le canard enchainé qui sous la plume de Michel Duran énonçait le 8 novembre 1961, ce jugement claivoyant : "Fernandel joue les deux rôles avec un discrétion de moyens dont il faut le féliciter." Il aurait fallu aussi citer la discrétion du metteur en scène l’approximatif Jean Bastia. Deux mots sur ce Bastia trop peu commenté par la Nouvelle vague… Il est né, ça ne s’invente pas, en Corse, et a fait une bonne partie de sa carrière dans des comédies souvent parodiques et toujours nonchalante. On citera avec joie la série des "Champignol", inaugurée en en 1956 par « Nous autres à Champignol » avec Jean Richard dont il contribua pour le plaisir de tous les animaux à lancer la carrière. Mais revenons à « Dynamite Jack » qui, bien qu’ayant pour sous-titre « La terreur de l’arizona » a été tourné en Provence. Tournage au printemps 1961, dans un vrai village de l’Ouest, 27 batisses constuites en dur s’il vous plaît, et même les chevaux sont authentiques. Pour le reste il faut donner la parole à Fernand lui même qui a déclaré :"J'interprétais deux personnages à la fois et, de plus, dans un western. C'est le genre auquel je n'aurais jamais osé penser si ce projet n'avait été proposé à mon agent. Aussitôt, j'ai été ravi d'accepter ce rôle car ,je raffole des westerns. J'avais d'ailleurs rencontré auparavant Gary Cooper dont j'avais vu presque tous les films... De plus, j'ai tellement été fâché de constater que les Américains allaient tourner Marius sans un seul acteur marseillais, que j'ai décidé de faire un western américain sans un seul Américain..." Ce qui n’est pas tout à fait vrai puisqu’on y voit Jess Hahn, grand second couteau yankee des années 6O, remarquable dans « Le signe du lion » de Rohmer en 1959. Fernandel lui n’a jamais tourné avec Godard et on peut le regretter.