ENTER THE VOID

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Le monde selon Gaspar Noé est un cauchemar hallucinogène. Enter the void, son 3ème long métrage après Seul contre tous et Irréversible, est sorti en 2010. Et c’est le manifeste postmoderne de son génie destructeur. Une œuvre de 2 heures et demie qui a laissé sur le flanc de nombreux spectateurs ou  festivalier, et en a transformé un nombre équivalent en cinéphiles mutants. Mais un film qui fait débat sur le plan narratif comme sur le plan esthétique fait toujours un peu avancer le cinéma.

Noé, prophète maudit en son pays, raconte d’ailleurs l’histoire d’un homme qui ne veut pas mourir, errant dans Tokyo en version paranoïaque. Ce n’est pas un film de zombie ni de fantôme, c’est un film de « conscience altérée » selon les propres mots de Noé.
Quelque part dans les limbes de cette pellicule, se cache l’âme noire d’un cinéaste. Et d’ailleurs comme son titre l’indique, Enter the void, il est temps d’entrer dans le vide.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SIXIÈME SENS (1999) DE NIGHT SHYAMALAN ou encore TOKYO-GA DE WIM WENDERS .

Enter the void est une obsession ancienne d’un cinéaste qui par ailleurs ressasse énormément ses films. Il était hanté par l’idée enfantine que la mort pouvait survenir et, bien qu’athée, envisageait alors un voyage ultime. A 23 ans alors qu’il est sous hallucinogène il voit La dame du lac de Robert Montgomery, film célèbre pour avoir été réalisé entièrement en caméra subjective, et décide qu’il utilisera ce procédé pour tourner une histoire post-mortem. Quinze ans d’écritures et un grand nombre de versions déboucheront sur la description minutieuse de cet onirisme morbide.

Après avoir hésité entre Paris et New York, le cinéaste jette son dévolu sur Tokyo mégalopole de néon et de gratte-ciel, propice à son trip. Il y tournera 3 mois plus quelques semaines au Canada pour les séquences concernant l’enfance des personnages. Il a fallu créer le love hôtel en studio sur la base de photos, ainsi qu’une partie des décors extérieurs, la complexité des mouvements de grue et des plans en mouvements interdisant les décors réels.

Côté casting, Noé a souhaité faire tourner des inconnus pour ne pas créer chez le spectateur une sensation de déjà vu. Le jeune Nathaniel Brown qui joue Oscar, le personnage principal, avait 20 ans quand il a été casté. Noé l’a rencontré 10 jours avant le tournage, à New York, où il vendait des tee-shirt. Il l’a choisi parce qu’il ressemble à celle qui est supposée être sa sœur dans le film. La jeune fille est jouée par une actrice chevronnée si l’on considère qu’elle joue la comédie depuis l’âge de quatre ans, j’ai nommé Paz de la Huerta, une New-yorkaise de 24 ans au moment du film.

Présenté non terminé au festival de cannes 2009, le film avait pour générique de début « Enter » et pour générique de fin « The void ». C’est ainsi que les festivaliers médusés passèrent sous les arches de Noé.

Enter. Noa, un an après le buzz. Bon, je suis un peu en retard, mais on va arranger ça. Je suis assise, devant la giga télé de monsieur, avec le super son qui dépote. Et c'est parti ! Pour les conditions, c'était impecc', s'il vous plait, ne faite pas l'offense à Noé ...

Aller voir un film de Gaspar Noé, après Irréversible et Seul contre tous, c'est pour beaucoup devenu une sorte de pèlerinage sulfureux. On espère et on s'attend à une claque. Du genre qui laisse une marque. Présent le soir de l'avant-première, le réalisateur lui-même ...

Voilà un film qui divise, auquel vous avez mis entre 1 et 10. On ne peut pas faire plus extrême ! Rien de plus normal, il constitue une proposition de cinéma très singulière à laquelle on peut complètement adhérer (comme c'est le cas pour moi) ou qu'on peut rejeter. ...