HAUTE COUTURE

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Une relation de mentor à disciple, ça tient forcément à une beauté du geste. Haute couture le confirme doublement en situant l'histoire d'une transmission entre deux générations de femmes dans les coulisses d'une grande maison de mode. Au geste moral s'ajoute ceux purement physiques des couturières, dans l'ombre des grands créateurs. 

Haute couture est aussi une histoire de coups de ciseaux. Ceux qui tranchent tulles et taffetas mais aussi ceux que Jade doit mettre dans sa vie pour s'en émanciper. Sylvie Ohayon s'essayant justement à démontrer que l'habit ne fait décidément pas le moine, en propulsant cette jeune femme issue des cités dans un univers destiné à la haute bourgeoisie, mais qui n'est rien sans le travail d'une classe ouvrière. 

Plus que les podiums et les catwalks des défilés, Haute couture observe l'apprentissage d'une déclassée grimpant les échelons d'une hiérarchie sociale se reflétant jusque dans une symbolique passation de pouvoir entre Nathalie Baye, actrice vétéran et Lyna Khoudri, jeune pousse particulièrement prometteuse.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PHANTOM THREAD (Comme Haute couture, le film de Paul Thomas Anderson explore un rapport de transmission (entre un couturier et sa muse).) ou encore SAINT-LAURENT (Une autre immersion dans le monde de la haute couture).

Etonnamment, Haute couture est un projet qui est né loin du monde de la mode. Sylvie Ohayon souhaitait avant tout explorer une relation mère-fille par procuration, inspirée par les propres difficultés de la réalisatrice à concilier son rapport avec sa fille biologique et celui avec celle de second mari. Le scénario transposant la charge mentale de ce cas de figure dans un contexte professionnel, afin de mettre en parallèle les différentes notions de valeur du travail, qu'il soit labeur de transmission d'une mère ou création de vêtements de luxe. 

Se plonger dans l'univers de la haute couture était aussi une manière d'exprimer à quel point les apparences sont devenues un point fondamental dans les rapports sociaux. Pas tant pour marquer le gouffre séparant les classes ouvrières des milliardaires possédant aujourd'hui les grandes marques, mais pour montrer comment les uns ne peuvent exister sans les autres. Haute couture rappelant que le travail d'orfèvre pratiqués sur les robes haut de gamme est issu des mains de gens ordinaires. 

Qu'Ohayon aie choisi la maison Dior comme lieu de travail d'Esther et d'apprentissage pour Jade n'est pas anodin. Le couturier reste, à sa manière, un modèle de transgression, de ruptures avec les codes quand ces créations furent sans doute plus révolutionnaires dans leur capacité à briser des interdits, casser des conventions que dans leurs étoffes. De même, avoir créé pour les besoins du film, le décor d'un atelier dans les anciens locaux d'un ministère, en dit long en soi, sur le fond social d'un film plus politique qu'il n'y paraît. Le parcours d'Ohayon, qui fut publicitaire avant de se lancer dans la réalisation n'y est pas non plus étranger, le sens du signifiant derrière chaque image ou geste acquis lors de cette première carrière, se ressent dans Haute couture, film abordant en creux les questions du plafond de verre séparant les milieux sociaux.

Certes, Haute Couture est un film un brin naïf : et alors ? De cette belle histoire de couturière dépressive aux portes de la retraite qui prend à l'essai une jeune voleuse à la tire et lui donne sa chance, on retire une leçon d'espoir qui fait du bien, une entraide humaine ...

Talentueuse Lyna Koudri et magnifique Nathalie Baye. Jade et Esther se sont rencontrées parce que la première et son « associée » ont volé, par ruse, le sac à main de la seconde. Ainsi se trouvent mises en scène les protagonistes centrales et le ton du film de ...

Histoire/Scénario : Esther se fait voler son sac à main dans le métro. La voleuse n’est autre que Jade, une jeune fille qui va finalement rendre le fameux sac après avoir ressenti des remords. Esther va voir du potentiel en Jade, elle décide de lui offrir la chance de découvrir ...