INTO THE ABYSS

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Comment filmer la mort ? Celle qui est passée et celle qui va venir… Le documentaire que vous allez maintenant découvrir colle parfaitement à son titre : Into the abyss, dans les profondeurs. C’est le cinéaste Werner Herzog qui vous invite à ce voyage douloureux dans la noirceur de l’âme humaine.

Son personnage principal est un garçon d’une trentaine d’année, Michael Perry. Tout sauf un héros : sans avenir, voleur de voiture et meurtrier par accident… Condamné à la peine de mort au Texas, il a accepté de recevoir le réalisateur huit jours avant son exécution. Herzog en profite pour remonter le cours d’une enquête facile, basée sur un fait divers effroyable mais banal et aborde au détour de son récit les côtés sombres d’une Amérique traumatisée et fascinée à la fois par la violence… 

L’idée-force, vous allez le voir, n’est en aucun cas de juger, de dénoncer ou d’excuser mais tout simplement de comprendre et c’est beaucoup plus difficile…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PEUR PRIMALE (Aucun remords, aucune compassion pour les victimes, un sens inné de la manipulation et une télégénie implacable... Deux films centrés sur de vrais personnages de cinéma : les criminels !) ou encore LA DERNIERE MARCHE (Les ultimes jours d'un condamné à mort... Confession, rédemption ou froideur face à ce qui arrivera, documentaire ou fiction : un même choc !).

Michael Perry a été exécuté le 2 juillet 2010 à 18h17 par injection létale. Son ultime retour sur ses aveux n’a rien changé à l’affaire. Le film que vous venez de voir, en grande partie centré sur des entretiens accordés à Werner Herzog, est le seul témoignage enregistré de son court et terrible passage sur Terre. A aucun moment le cinéaste n’a voulu jouer sur la compassion ou les circonstances atténuantes. Les crimes reprochés à Perry sont terribles, inqualifiables, inexcusables.

En revanche, montrer sans fard, sans filtre, le monde carcéral américain est clairement dans la volonté du réalisateur. Un monde où l’on peut attendre une dizaine d’années voire beaucoup plus, une peine capitale encore appliquée par de nombreux Etats. Un monde où le rapport de force, l’illettrisme, la violence amplifient encore un peu plus la noirceur de ceux qui y échouent… Alors soyons honnêtes, Herzog place également çà et là quelques messages bien sentis et totalement assumés contre la peine capitale. Fortement marqué par la furie meurtrière du régime nazi, le metteur en scène allemand est un farouche opposant au droit de donner la mort. Il réaffirme toutefois avec autant de force que rien non plus ne peut justifier les actes commis par les prisonniers de son documentaire. 

Si l’on regarde d’ailleurs de plus près sa filmographie, on constate avec admiration mais aussi effroi que toute son œuvre a été marquée par la violence et la folie des hommes. Aguirre, la colère de Dieu ou Fitzcarraldo ou Nosferatu, fantôme de la nuit, portés par un Klaus Kinsky lui-même aux limites de la raison ou la nouvelle version de Bad lieutenant : autant d’objets improbables, fascinants et vénéneux qui dressent un portrait sombre, monstrueux  de la nature humaine. Et, pour revenir à Into the abyss, que dire de ces groupies des couloirs de la mort, croisées dans le film ? Accros aux condamnés à mort, elles errent comme eux dans les limbes d’une non-vie, destinée à se terminer prématurément…

Avec Into the Abyss, Werner Herzog propose plus que l'énième conte d'un fait divers anodin mais morbide, plus qu'un énième documentaire sur la peine de mort aux Etats-unis. Le support de base, ce triple homicide sordide, n'a finalement d'importance que par son caractère ordinaire. ...

Euh... Ok... Franchement je ne m'attendais pas à ça. Je pensais voir un film certes fort sur les condamnés à mort, mais je ne pensais pas avoir un portrait de l'Amérique, la belle, la grande, étalée pendant presque deux heures au travers du prisme d'un fait divers particulièrement ...

A travers une première séquence où l’on voit un prête s’émouvoir de la mort d’écureuils qui symbolise à ses yeux la fragilité de la ligne de vie, Herzog nous enfonce dans une Amérique tragicomique un peu bipolaire où la folie humaine se confronte à la droiture ...