JEUX DE SOCIÉTÉ

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« Si tu avais un vagin pour vivre tes émotions au lieu d’être passive et agressive, on serait tous un peu plus heureux !» Cette réplique choc claque au coeur d’une scène de règlement de comptes de Jeux de société. Le jeu de la vérité, avec ses masques qui tombent et ses mots qui terrassent, est en effet un moment familier de tout film choral. En l’occurrence, cette production finlandaise réunit une bande de trentenaires le temps d’un week-end sur une petite île.

C’est pour célébrer les 35 ans de Mitzi qu’ils se retrouvent tous. Or Mitzi n’a pas le coeur à la fête : son mari vient de la quitter et, du coup, elle a recommencé à fumer. Ulla n’est pas non plus ravie : son petit-ami n’est autre que l’ex de Mitzi et n’a toujours pas fait le deuil de sa rupture. Malgré tout, l’alcool et la musique vont aider les uns et les autres à oublier, un temps, soucis et rancoeurs.

L’amitié et l’amour sont deux des thèmes majeurs de Jeux de société mais le scénario met aussi en scène les désillusions, les craintes et les rêves d’une génération. C’est le premier long métrage de la réalisatrice finlandaise Jenni Toivoniemi qui a signé plusieurs courts auparavant, notamment The Date, primé au festival de Sundance.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES PETITS MOUCHOIRS (Parce que Guillaume Canet a réalisé le film d'un génération, dont il décrit les états d'âme avec humour, émotion, et l'aide d'un parterre de stars.) ou encore SNOW THERAPY (Parce que le Suédois Ruben Östlund (qui a déjà gagné deux Palmes d'or) n'a pas son pareil pour montrer comment des situations ordinaires (ici un séjour au ski) dégénèrent en règlements de comptes cruels.).

Avec Jeux de société, Jenni Toivoniemi a relevé plusieurs défis. Grande admiratrice des Copains d’abord de Lawrence Kasdan (1983) et des films de Robert Altman, elle voyait le film choral comme un exercice particulièrement difficile à réussir compte tenu de la diversité de tous les personnages. Il y en a forcément un qui sonne faux, qui ne fonctionne pas. Une fois qu’elle s’est lancée malgré tout dans l’aventure, on lui a conseillé de s’appuyer sur un ouvrage pour finaliser son scénario. « Cela m’a beaucoup aidé -reconnait-elle- même si je ne suis pas d’accord avec grand chose de ce qui y est écrit ! ». Parmi les conseils du livre en question : évitez d’avoir plus de six personnages dans un portrait de groupe ou cela ne marchera jamais. Un conseil qu’elle n’a pas suivi !

La parole a le beau rôle dans Jeux de société et Jenni Toivoniemi fait remarquer que les films très dialogués ont la réputation de n’avoir rien de finlandais ! Lorsqu’elle présentait son projet, certains interlocuteurs trouvaient que cela faisait film français. Simplement parce que les personnages discutaient beaucoup. « En fait c’est juste que Aki Kaurismäki est le seul metteur en scène finlandais qu’ils connaissent », explique la réalisatrice, qui s’insurge contre cette idée selon laquelle les films où la parole est rare auraient plus de style.

Jeux de société ne fait pas de cadeaux à ses personnages en révélant des facettes de leur personnalité ou des secrets. Pour permettre aux comédiens de s’investir à fond dans leur rôle, Jenni Toivoniemi a imaginé tout le passé, les détails de la « backstory » de chacun d’eux. De quoi les équiper solidement pour assurer l’authenticité des moments d’émotion. Mais avec son casting de choix la réalisatrice n’avait pas à s’inquiéter. Comme elle le dit, « les bons comédiens savent de suite quand cela va trop loin ». On retrouve ainsi Eero Milonoff, qui interprète Härde, débarrassé des prothèses qu’il portait dans Border, et le suédois Christian Hillborg, qui, comme son personnage, a joué dans la série de Vikings The Last Kingdom.