L'AFFAIRE COLLINI

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Le métier d'avocat est souvent une question d'éthique. Usuellement pour se demander si la défense de criminels est bien fondée. L'affaire Collini retourne la situation quand un avocat chargé de s'occuper du cas d'un meurtrier découvre que sa victime était son mentor, un industriel allemand. Le procès révélant que celui-ci avait dissimulé sa véritable identité : il était commandant d'une unité SS pendant la seconde guerre mondiale... 

Pas de craintes de spoiler : cette information n'est pas le principal retournement de situation de L'affaire Collini, film s'interrogeant bien plus sur la nature même de la monstruosité qui peut s'emparer des humains. Marco Kreuzpainter jouant pour cela avec les codes du film de procès comme de ceux du cinéma de genre, pour une redoutable efficacité quand il les noue autour d'un personnage d'avocat découvrant les vertiges que peut receler la vérité de ce cas judiciaire. 

Le véritable rebondissement de L'affaire Collini se joue en dehors de l'écran : inspiré d'un roman  tirant des fils de fiction à partir d'un procès qui a fait grand bruit en 2002, il touche à une réalité toute aussi perturbante, en revenant sur les coulisses de la création d'une loi aussi authentique que problématique instaurée dans l'Allemagne d'après-guerre.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MUSIC BOX (Un autre thriller judiciaire sur fond de relation complexe avec le passé nazi.) ou encore JUGEMENT À NUREMBERG (L'un des premiers films de fictions abordant les procès de criminels de guerre allemands.).

En juillet 2002, Friedrich Engel est condamné à sept ans de prison. La cour de Hambourg clôt ainsi le cas de cet ancien SS surnommé le Boucher de Gênes, soupçonné d'avoir commandité parmi près de 250 exécutions, celles d'un groupe de prisonniers italiens en riposte à une attaque de partisans. En dépit de ce verdict, Engel ressortira libre (pour cause d'âge très avancé, 93 ans à l'époque). La nouvelle fera scandale mais moindre que celui provoqué par des révélations supplémentaires : une enquête avait été ouverte par les autorités allemandes en 1969 mais close l'année suivante, principalement par effet de la loi Dreher. Celle-ci instaurée en 1968 rendait prescriptible certains crimes vingt ans après avoir été commis, dédouanant de fait les actes d'officiers nazis. 

Ferdinand Von Schirach s'empare de ce cas pour en tirer un roman, L'affaire Collini, qui deviendra rapidement un best-seller, secouant l'opinion publique allemande autour de cette loi, potentiel texte d'amnistie discrète de crimes de guerres commis sous le IIIe Reich. Marco Kreuzpainter y verra la matière à un film se hissant au dessus d'un thriller juridique, capable de mettre sur la table autant des problématiques d'ordre moral que la difficulté de définir la notion de justice. En mettant sur le banc des accusés un vieil immigré italien mû au nom d'un droit de vengeance, qui plus est défendu par un avocat, lui-même immigré d'origine turque, L'affaire Collini expose toute la complexité d'une société allemande n'ayant pas encore réglé ses comptes avec son passé historique. 

Kreuzpainter renforcera les ambiguïtés de ce scénario, jusque dans le casting de son film, d'Elyas M'Barek - acteur lié à deux cultures (son père est tunisien, sa mère autrichienne), essentiellement connu du public allemand pour ses rôles dans des comédies populaires et donc inattendu en avocat tourmenté -  à Franco Nero, légendaire acteur de westerns spaghettis et de polars urbains, apportant à l'assassin malgré lui, sa présence magnétique. Tous deux contribuent à faire de L'affaire Collini, un film haletant, bien que s'affranchissant des suites du dossier Engel : en 2004, la plus haute cour de justice allemande revint sur le verdict du procès de 2002 (en vertu de la loi Dreher, si Engel fut reconnu coupable d'avoir ordonné les exécutions, leur considération comme homicides volontaires n'avait pas été retenu) sans pour autant permettre qu'Engel passe à nouveau devant un tribunal.

Film de procès qui, à travers une affaire (fictive, c'est adapté d'un roman) se déroulant en 2001, revient sur la façon dont dont des criminels de guerre ont pu ne pas être poursuivis et quasi innocentés, à cause d'une loi passée en 1968 , ce qui est assez inédit dans ...

« L’affaire Collini » est un choix cinématographique judicieux pour qui se passionne par les affaires judiciaires de qualité…mais pas que ! En effet, le film de Marco Kreuzpaintne permet d’aborder des thèmes aussi variés que les fautes d’un système judiciaire qui ...

Non, L'affaire Collini n'est pas tirée de faits réels, adaptation du roman éponyme de Ferdinand von Schirach. Mais cette œuvre de fiction, film de procès pour l'essentiel, s'appuie sur un récit crédible dans son déroulement et qui a surtout le mérite de poser les bonnes ...