L'AFRICAIN (VERSION RESTAURÉE)

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13 ans après les Caprices de Marie, 5 ans après Tendre poulet et 3 ans après On a volé la cuisse de Jupiter, l’Africain, sorti en 1983, marque les nouvelles retrouvailles de Philippe Noiret avec Philippe de Broca. Catherine Deneuve, elle aussi, connaissait le cinéaste pour avoir été, 19 ans plus tôt, l’humble et jeune ouvrière qu’épousait Jean-Pierre Cassel dans Un monsieur de Compagnie, la comédie onirique tournée par de Broca entre l’Homme de Rio et les Tribulations d’un Chinois en Chine.

De plus, comme l’Africain est le troisième film interprété par Deneuve et Noiret, après la Vie de château, de Jean-Paul Rappeneau, et Touche pas à la femme blanche, de Marco Ferreri, on comprend que le comédien lui attribua le qualificatif de « film de famille ». Face au couple vedette et outre Jacques François et Jean Benguigui, vous reconnaîtrez Jean-François Balmer, dix ans après ses débuts dans RAS d’Yves Boisset et un an avant que Jacques Bral ne lui offre, dans Polar, son premier premier rôle, celui de l’asthénique détective privé Eugène Tarpon.

Voici donc l’Africain, le 20e long métrage de Philippe de Broca (50 ans), sorti à Paris le 2 mars 1983, six mois avant son mariage avec la comédienne Margot Kidder.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE SAUVAGE (Une île paradisiaque voit son calme troublé par l'arrivée de la volcanique Catherine Deneuve. Avant Philippe Noiret, c'est Yves Montand qui tentait en vain de lui résister.) ou encore AFRICAN QUEEN (Katharine Hepburn et Humphrey Bogart sont dans un bateau. Les paysages sont superbes mais la cohabitation difficile.).

Le film que vous venez de voir est un vieux projet de Philippe de Broca, depuis longtemps amoureux de l’Afrique. En effet, jeune homme et pas encore cinéaste professionnel, il avait entrepris de la découvrir, une caméra 16mm au poing. A son retour il réussit même à vendre ses images à Walt Disney qui les inséra dans certaines de ses productions documentaires. De plus, au milieu des années 1960, après le terrible échec du Roi de cœur, son huitième long métrage – une histoire de fous menée par Alan Bates –, il avait tout plaqué et quitté Paris pour devenir – comme Noiret dans le film – pilote de brousse. Depuis son retour en France pour le Diable par la queue, sorti en 1969, il ne pouvait s’empêcher de retourner plusieurs semaines par an sur ce continent qu’il affectionnait particulièrement. C’est d’ailleurs grâce à ses bonnes relations avec une équipe de missionnaires locaux qu’il parvint à convaincre une tribu de pygmées de participer au film, en échange de nourriture pour l’année à venir !

Installée au Kenya puis au Zaïre – devenu, une dizaine d’années plus tard, la République démocratique du Congo –, toute l’équipe de l’Africain, garda un souvenir inoubliable de ces 14 semaines de tournage, au cœur d’un pays aux paysages superbes mais, soumis à des températures élevées et à des pluies tropicales dévastatrices. Et si ce n’était que ça ! A l’époque, le Zaïre était dirigé sans partage par l’autoproclamé maréchal Mobutu – qu’un soulèvement populaire chassera du pouvoir une quinzaine d’années plus tard. Mais, pour le moment, le Léopard de Kinshasa, l’un de ses surnoms officiels, est toujours au pouvoir et pas question d’aller tourner une scène près du lac où le maître des lieux a décidé d’aller pêcher. D’où un plan de travail continuellement revu et corrigé, des attentes interminables et un retard inévitable comme le raconte Philippe Noiret à Dominique Maillet dans de passionnants entretiens parus en 1989, aux éditions Henri Veyrier.

A propos de Catherine Deneuve, qu’il était ravi de retrouver et qu’il retrouvera l’année suivante dans Fort Saganne d’Alain Corneau, Noiret dira qu’elle est « une organisatrice née », repérant très vite qui est qui, qui fait quoi, quelles sont les meilleurs adresses pour dîner et comment trouver un avion avec pilote pour passer le week-end dans des endroits magnifiques. Ce portrait correspond exactement à celui dressé, huit ans plus tôt, par Yves Montand après le Sauvage, que Jean-Paul Rappeneau avait tourné, en partie, aux Antilles et que l’Africain n’est pas sans rappeler.

Dans le genre « comédie d'aventure de de Broca », donc en le comparant plutôt à L'Homme de Rio (auquel il est un peu inférieur) qu'à Coup de torchon, L'Africain se défend bien, avec ses personnages bien caractérisés et charmants, dont les confrontations font des étincelles, ...

Tandis que Victor (Philippe Noiret) a trouvé la plénitude dans une idyllique contrée de l’Afrique centrale, l’arrivée intempestive de son ex-femme Charlotte (Catherine Deneuve) menace son équilibre. D’autant que celle-ci, chargée de dénicher un paradis perdu, veut ...

Il est malheureusement aujourd'hui totalement impensable d'imaginer que le cinéma populaire français puisse atteindre un tel niveau, de tels sommets. Nous sommes bel et bien en face d'une comédie, un pur film familial, de divertissement, mais celui-ci est aussi le plus beau ...