L'AMOUR DURE TROIS ANS

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Fréderic Beigbeder serait-il un grand romantique ? Ce n'est pas le terme qui viendrait forcément à l'esprit pour qualifier l'écrivain et chroniqueur littéraire connu pour sa dent dure ou le regard désabusé que portent ses romans sur le monde et les rapports humains.

Et pourtant, L'amour dure trois ans, son premier film se révèle sentimental, ne conservant l'esprit acerbe de ses écrits que pour égratigner son personnage principal, un critique littéraire sortant d'un divorce, convaincu que les liens amoureux sont forcément éphémères. Jusqu'à sa rencontre avec une pétillante trentenaire...

Difficile de ne pas voir un autoportrait de Beigbeder dans cette comédie romantique sophistiquée, mais aussi un certain désaveu son image publique, lorsque L'amour dure trois ans fait tomber le masque de son détachement  de façade, pour interroger des blessures d'orgueil et la crainte de se retrouver seul. Pour un résultat bien plus touchant que mordant.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SOUS LE MÊME TOIT (Une autre comédie sur fond de rupture amoureuse) ou encore L'AMOUR C'EST MIEUX À DEUX (Comme L'amour dure trois ans, une comédie romantique sur les affres sentimentales d'un quadragénaire).

Pour sa première réalisation, Frederic Beigbeder s'est longtemps fait désirer. Si le cinéma lui tournait autour, c'était jusque là plutôt pour confier les adaptations de ses livres, comme 99 francs à d'autres. C'était d'ailleurs le cas de L'amour dure trois ans, dont les droits avaient été achetés par un producteur avant qu'il abandonne le projet après une première tentative de scénario. Michael Gentile et Alain Kruger prirent le relais et approchèrent l'auteur en lui proposant, puisque son roman était en grande partie autobiographique, qu'il soit aussi aux commandes du film.

L'idée de Gentile et Kruger fait sens : le livre était déjà une transition, l'auteur ayant voulu rompre avec le ton des précédents. Leur cynisme distancié y était échangé pour une humeur introspective et mélancolique née des propres questionnements d'un Beigbeder lui-même en plein divorce. Il renforcera ce trait dans un film allant plus loin que le livre, ajoutant au questionnement sur la difficulté d'assumer ses sentiments celui sur le rapport des romanciers à l'écriture, la manière dont ils s'y plongent pour ne pas affronter la vie.

Pour incarner son alter-ego, Beigbeder fait appel à Gaspard Proust, convaincu que l'humour particulièrement grinçant du comédien dans ses one man shows dissimulait des appréhensions et inquiétudes. Ce principe du masque travaille L'amour dure trois ans jusque dans son utilisation de la musique, faisant parfois appel à la même composition, mais sur des scènes dans des tonalités opposées. Un principe qui a séduit Michel Legrand qui autorisa l'utilisation de certaines de ses compositions, Beigbeder masquant sa note sensible derrière l'hommage : il a fréquemment avoué que les musiques de Legrand l'émouvaient aux larmes.

De vous à moi, je n'avais pas envie de voir L'amour dure trois ans. J'avais vu la bande annonce sans grande émotion, et twitt-bouderie cinéphile de Twitter sur ce film ne m'inspirait rien de bon. Pourtant, coincé à La Roche sur Yon pour dix jours, dans la quasi-impossibilité ...

Frédéric Beigbeider est un romancier controversé, souvent accusé de noyer son vide existentiel et ses aphorismes pompeux de publicitaire dans une posture mondaine décalée et une auto-dérision facile. Il y a sans doute du vrai dans ce portrait sans concession, et ses habituels ...

Pour son premier film, Beigbeder prend le parti de ne prendre aucun acteur. Pourquoi pas. Des comiques, une miss météo, un rappeur... mais pas d'acteur en tête de gondole, une affaire qui sent bon le placement de pote (concept que l'on retrouvera d'ailleurs tout au long du film). Petite ...