L'EXTRAORDINAIRE VOYAGE DE MARONA

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Qu'est ce qu'une vie si ce n'est un collage de moments et d'impressions ? Anca Damian en a pris son parti pour un cinéma d'animation singulier qui recompose des trajectoires, leur donnant du relief en combinant diverses formes, de l'aquarelle au papier collé. Rien de très anormal quand c'est pour incarner la dense matière dont elle s'inspire. 

L'extraordinaire voyage de Marona se démarque pour autant de ses films précédents, Le voyage de Monsieur Crulic et La montagne magique en ne partant pas d'une odyssée humaine ni d'authentiques récits biographiques. Cette fois-ci c'est un chien qui revient sur son parcours, de sa naissance à l'accident de voiture où elle est percutée. Tout commence donc par une mort, mais c'est bien une leçon de vie qui se dessine ici, au gré des divers maîtres que rencontrera Marona. 

Mais aussi une leçon d'histoire de l'art, quand L'extraordinaire voyage de Marona traverse aussi des époques de la peinture, cubiste, expressionniste ou fauviste. Une palette qui fait vibrer la gamme d'émotions aussi large que Marona à un cœur grand et une galvanisante vision humaniste des choses, transformant une vie de chien en art de vivre et d'aimer.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE CHIEN, LE GÉNÉRAL ET LES OISEAUX (Un autre film d'animation existentialiste autour d'un chien.) ou encore LE TECKEL (Tout comme dans L'extraordinaire voyage de Marona, Le teckel a pour fil conducteur un chien passant de maître en maître.).

ll y a dans le générique de L'extraordinaire voyage de Marona un remerciement inattendu. Celui d'Anca Damian à la véritable Marona. Du nom que la réalisatrice à donné à la chienne abandonnée qu'elle a trouvée dans les rues de Bucarest. Ne pouvant la garder, elle s'est mise en tête de lui trouver une famille d'accueil. En constatant à quel degré les personnes qu'elles contactaient changeaient une fois en présence de l'animal, a quel point il reflétait des modes de pensée ou de valeurs ont nourri son envie d'en faire un film, pas tant pour explorer le parcours de cette chienne, que la complexité de l'espèce humaine, au travers des différents maîtres qu'elle va avoir. 

Damian y a rajouté le principe que chaque maître de Marona correspond à la fois à divers âges et expériences de la vie (l'enfance, l'adolescence, l'âge adulte) mais aussi à des styles graphiques censé représenter une chronologie des périodes picturales. La réussite du film dépendait donc de la fluidité de l'animation entre ces styles. Damian a réuni autour d'elle pour ça des artistes venus d'univers et secteurs différents : Brecht Evens, un dessinateur de bd, Gina Thorstensen une plasticienne et Sarah Mazzetti une illustratrice. Au premier la création du design des personnages, aux deux autres celle des décors. Le tout avec une ligne directrice mais la consigne d'y apporter sa touche personnelle. 

Cette volonté d'incorporer des regards différents autour d'une trame narrative, était en phase avec l'envie de ne pas être dans une vision rigide et unique. Damian l'aura maintenu tout au long de la conception de L'extraordinaire voyage de Marona, en se rendant présente pour chacun de ses trois collaborateurs mais en ne leur montrant jamais avant l'assemblage final, le travail des autres.

Une méthode qui a infusé jusque dans la production, morcelée entre la Roumanie, la Belgique et la France, comme en écho naturel au ressort central et prépondérant de ce film : le rapport à la diversité des choses comme du monde.

Franchement ce film est un régal, tout d'abord un régal pour les yeux avec une direction artistique pour le moins singulière et protéiforme (sous la tutelle de l'auteur de BD Brecht Evens) mais également un régal pour les glandes lacrymales. L'histoire est simple, c'est un ...

Le style visuel d'un film d'animation, en plus de devoir être agréable et lisible pour le spectateur, contribue à l'identité d'un film. Qu'il s'agisse de "marques de fabrique", comme les figures de pâte à modeler difformes gris et ocres d'Adam Elliott (Mary and Max) ou bien ...

« L’extraordinaire voyage de Marona » nous raconte, du point de vue d’une petite chienne, appelée tout d’abord « 9 », de sa position dans la portée de sa mère, puis Anna du nom de son premier maitre, un acrobate, puis Sarah, puis Marona… sa vie après un accident ...