L'HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE

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10ème western tourné par John Ford avec John Wayne, L’homme qui tua Liberty Valance est un sommet et un aboutissement. Il se situe à une époque charnière où l’Amérique est sur le point d’entrer dans l’ère moderne, c’est-à-dire au moment où l’état de droit est en train de s’imposer face à la loi du plus fort. 

L’action a lieu dans la ville fictive de Shinbone, et l’histoire est racontée en flash back au moment où le sénateur Ransome Stoddard revient en ville pour assister à l’enterrement de Tom Doniphon. Des années plus tôt, Stoddard était arrivé en tant que jeune juriste désireux de faire respecter le droit dans cette ville terrorisée par un gangster appelé Liberty Valance.  Avec l’aide du fermier local Tom Doniphon et de quelques autres,  il apprendra à survivre dans cet environnement encore sauvage. 

John Wayne, James Stewart et Lee Marvin jouent les rôles principaux de ce film historique à plus d’un titre. Il montre l’importance des assemblées populaires, du vote démocratique,  de l’éducation, et de la presse libre dans la construction de la cité. De ce point de vue, c’est un film éminemment politique, dont l’une des principales qualités est de ne pas imposer de réponse définitive à des questions qui sont toujours d’actualité.  

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'HOMME DES VALLÉES PERDUES (Même schéma où une homme venu d'ailleurs débarrasse une communauté du hors-la-loi qui la terrorisait.) ou encore LA HORDE SAUVAGE (Même contexte de la mutation exercée par le "progrès", cette fois du point de vue des hors-la-loi.).

Après avoir réalisé quelques-uns de ses films les plus visuellement somptueux dans les vastes étendues de Monument valley en technicolor, il peut paraître étrange que John Ford ait touné L’homme qui tua liberty Valance en studio et en noir et blanc. S’il est possible que la production ait voulu faire des économies pour des raisons budgétaires, une autre explication paraît plus vraisemblable. Il s’avère que John Wayne aussi bien que James Stewart, âgés respectivement de 54 et 53 ans, étaient trop vieux pour jouer leurs personnages à la première époque du film, surtout James Stewart, sensé sortir de la fac de droit sans même avoir eu l’occasion de pratiquer.  Le noir et blanc est beaucoup plus indulgent avec ce genre de décalage que la couleur. Sans compter que le noir et blanc  évoque inconsciemment une période révolue,  et contribue à « rajeunir » les interprètes, même virtuellement. 

Edmond O’Brien, qui joue le journaliste local, affirmait que John Ford arrivait tous les jours sur le plateau de bonne humeur, et qu’il n’avait jamais vu ça. De façon générale, l’ensemble de l’équipe a beaucoup apprécié ce tournage. Ce qui n’empêchait pas le réalisateur de martyriser ses acteurs, notamment John Wayne qu’il se plaisait à humilier en public, probablement pour se venger du fait que l’acteur-réalisateur n’avait pas gardé suffisamment des scènes tournées par Ford deux ans plus tôt sur Alamo. A force, Wayne avait fini par reporter sa frustration sur Woody Strode, avec lequel il avait failli en venir aux mains. Mais Strode affirmait que toute la faute en revenait à Ford. 

John Wayne n’était pas à l’aise avec son personnage, et lorsqu’on lui faisait remarquer qu’il était complexe et ambigu,  l’acteur se mettait en colère parce que l’ambiguïté est une notion qu’il ne comprend pas, et à laquelle il donne une connotation péjorative. Avec le temps, L’homme qui tua Liberty Valance est généralement considéré comme un des meilleurs films de John Ford. Sergio Leone déclarait que c’était son préféré, parce que « c’était la seule fois où Ford avait appris quelque chose appelé pessimisme ».

Regarder ce film en pensant trouver un western classique, avec ses paysages grandioses, ses duels, ses méchants qui fracassent tout dans les saloons et ses attaques de diligences, c'est, à coup sûr, courir au-devant d'une grande déception (et puis, c'est faire preuve d'une ...

"L'homme qui tua Liberty Valance" est un mille-feuille. Mais, et ce qui en fait le génie, un mille-feuille léger, simple, divin. Et pourtant, que de composants ! Il y a une histoire d'amour complexe (à trois, mais sans rivalité exacerbée ni complaisance doucereuse), il y ...

On a souvent, et à raison, présenté ce film comme la synthèse de tous les westerns de Ford. Œuvre testamentaire, L’homme qui tua Liberty Valance est un chef d’œuvre à plus d’un titre. Parce qu’on y retrouve toute ce qui fait le génie du cinéaste, mais aussi parce ...