LA DERNIÈRE TENTATION DU CHRIST

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Martin Scorsese restera probablement dans l'histoire du cinéma comme un réalisateur dédié aux films de gangsters. Pour autant, le véritable sujet de prédilection du metteur en scène de Mean Streets, Les Affranchis, Casino ou Les infiltrés reste sans doute le rapport à la religion. Au point que ses œuvres qui ont connu les gestations les plus complexes, les plus longues sont qui s'y attaquent. 

La dernière tentation du Christ aura mis près de vingt ans à aboutir. Autant par les difficultés que rencontreront Scorsese et son scénariste, Paul Schrader à adapter le roman de Kazantakis que par les pincettes à prendre quand l'on veut raconter la vie de Jésus selon un prisme peu orthodoxe.

Le film fit effectivement scandale quand il sortit, pour devenir un des plus mal-aimés de Scorsese. Avec le recul des années, il faut pourtant reconnaître que cette relecture des évangiles n'avait pas volonté d'être sacrilège, mais de donner à Jésus une dimension humaine renforçant son empathie. Que le grand public aie rejeté une vision personnelle mais pourtant respectueuse, du fondement du catholicisme, reste une preuve de certaines voies impénétrables...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SILENCE (L'autre projet à la longue gestation de Martin Scorsese consacré à la religion catholique) ou encore LA PASSION DU CHRIST (L'histoire de Jésus, vue cette fois-ci par Mel Gibson.).

Martin Scorsese découvre le roman de Nikos Kazantakis en 1972, lorsque Barbara Hershey lui offre le livre sur le tournage de Boxcar Bertha. Il deviendra une quasi-obsession pour le réalisateur, fasciné depuis sa plus tendre enfance par la figure de Jésus. Mais aussi son chemin de croix lorsqu'il tentera à de nombreuses reprises de faire entrer ce film en production, l'idée de revisiter le Christ en intégrant à ses éléments surnaturels une vision beaucoup plus terre-à-terre étant un terrain délicat. Scorsese pensera d'ailleurs à un moment partir du livre pour faire un documentaire sur les évangiles, mais estimera ne pouvoir faire mieux que L'Evangile selon saint Matthieude Pasolini.

Après plusieurs versions du scénario, Scorsese et Paul Schrader soumettent le film à Paramount qui acceptent de le financer. Nous sommes alors en 1983, le tournage est prévu en Israël mais le studio renonce in extremis au film après diverses lettres de protestation d'organisations religieuses et des menaces de boycott de certains circuits de salles, menaçant un projet au budget prévisionnel qui ne cessait d'enfler. Il faudra attendre quatre ans pour que La dernière tentation du Christ retrouve un foyer chez Universal.

De quoi avoir le temps de penser à la forme du film. Il se distinguera de la plupart des autres films bibliques notamment par l'envie de Scorsese de donner une touche contemporaine à son propos. Cela passera par des dialogues proche de ceux des films de gangsters de Scorsese, loin des formulations d'époque, mais aussi la vision du réalisateur, concevant les apôtres de Jésus comme des gens de la rue, jusque dans leurs accents. C'est peut-être ce traitement à l'opposé d'une image d'Epinal qui a choqué certaines sensibilités, dont celles de groupuscules intégristes français allés jusqu'à incendier des salles programmant le film à Paris ou Besançon. La dernière tentation du Christ n'étant toujours pas en odeur de sainteté, il reste interdit de diffusion dans certains pays comme en Bulgarie sur pression de l'Eglise orthodoxe tandis que plusieurs groupes religieux américains ont maintenu leur offre de racheter à Universal son négatif pour le détruire... Le destin aura été beaucoup plus favorable à Mel Gibson qui rencontrera un énorme succès avec sa Passion du Christ. Pour la petite histoire, l'acteur avait un temps été envisagé pour le rôle de Jésus par Scorsese...

Oh comme il est difficile de faire une critique de ce film, oh combien riche, oh combien beau, profond, sensible, puissant, et tout ne se limite pas à la parole qu'il délivre, mais qu'il est néanmoins nécessaire de comprendre pour admirer les images et le grand génie qu'est ...

"Je n'ai pas fait ce film pour prouver quoi que ce soit à qui que ce soit". La citation est de Martin Scorsese, cinéaste exaspéré par toutes les polémiques qui ont pu émailler le tournage ou sa réception critique. La phrase résume bien l'état d'esprit qui a entouré cette ...

Avec Gangs of New York, La dernière tentation du Christ est l’autre grand projet de Scorsese, mûri sur une longue période et déjà avorté pour son caractère polémique. Adaptation d’un roman que lui avait donné Barabra Hershey sur le tournage de Bertha Boxcar en 1972, ...