LA PETITE BOUTIQUE DES HORREURS

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Il ne s'agirait pas de se méprendre: c'est d'un film comique qu'il s'agit ici. Un film fondateur, un événement historique, comme le Napoleon d'Abel Gance ou le Hellzapoppin d'HC Potter. Sauf qu'il s'agit ici du record du monde du nanar, un film à regarder la bouche ouverte, parce qu'on n'en croit pas ses yeux. Voici le film qui consacra Roger Corman et qui a dû faire se retourner Ed Wood dans sa tombe (même si à l'époque, en 1960, il était encore vivant).

Après plus rien ne fut exactement comme avant. Et si l'expression "film-phare" a encore un sens, c'est d'abord grâce à ce film, tourné en 2 jours avec des restes de plateaux et 30,000 dollars (dont on se demande toujours à quoi ils ont bien pu servir). Deux jours consacrés à raconter cette histoire de plante carnivore qui attire un monde fou chez son fleuriste, monsieur Mushnik, mais qui demande à son éleveur des repas de plus en plus riches, généralement à base de sang frais... "Feed me, feed me!"

Un film qui fit également découvrir un jeune acteur aux curieuses tendances masochistes et que vous aurez le plaisir de rencontrer à l'exacte moitié du film, mister Jack Nicholson, qui n'hésitera pas à rejouer les barjots dans des films un peu moins fauchés comme Vol au-dessus d'un nid de coucou ou Shining.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA CRÉATURE DE LA MER HANTÉE ou encore ROCKY HORROR PICTURE SHOW .

Contrairement à ce dont on se souvient souvent, ce n'est pas avec cette petite Boutique que le producteur-réalisateur Roger Corman, inaugura son atelier presque clandestin de fabrication d'horreurs en série; atelier qui fit débuter des petits jeunes comme Francis Coppola, Martin Scorsese ou James Cameron. L'année précédente, en 59, il avait goûté au succès (relatif comme toujours) avec un petit film d'horreur fauchée, Bucket of Blood, dont la pub promettait une entrée gratuite aux spectateurs qui se présenteraient à la caisse avec un seau de sang...
Cette idée de transformer en mauvaise comédie ce qui n'aurait pu rester qu'un mauvais film d'horreur, fut son coup de maître. Après son Bucket of Blood et sa Petite Boutique des horreurs, Corman signa dans la même veine, La Créature de la mer hantée, en 61.

Et cette histoire de plante carnivore et de son tuteur, qui n'est pas sans rappeler le Dr Frankenstein et sa créature, allait se transmettre de génération en génération, tour à tour comédie musicale ou remake, comme celui de Frank Oz, en 86, où c'est Bill Murray qui reprend le caméo maso de Nicholson.

Un succès jamais démenti qui n'est pas sans rappeler une autre histoire de créature frankensteinienne, et elle aussi objet de célébration: The Rocky Horror Picture Show, une comédie musicale devenue film et qui fit se réunir des générations d'étudiants du monde entier tous les vendredis soirs à minuit pour des cérémonies affligeantes.