LARMES DE JOIE

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En 1960, c’est à dire deux ans après le succès de son film le Pigeon, dans lequel une dizaine de petits délinquants s’essayaient maladroitement à la cambriole, l’Italien Mario Monicelli tourne Larmes de joie qui, cette fois, met en scène, dans les rues de Rome, un soir de la Saint Sylvestre, un jeune pickpocket malchanceux s’adjoignant les services d’un vieil acteur très cabotin, bientôt rejoint par sa blonde compagne, figurante à Cinecitta.

Le pickpocket, c’est Ben Gazzara (30 ans), un an après son rôle de militaire antipathique dans Autopsie d’un meurtre d’Otto Preminger ; le vieux cabotin, c’est Toto (62 ans), célèbre comique italien déjà présent dans le Pigeon et maintenant presque aveugle ; la figurante, c’est (la fausse blonde) Anna Magnani (52 ans), grande figure du néo-réalisme depuis Rome ville ouverte, tout juste de retour au pays après le tournage, à Hollywood, de l’Homme à la peau de serpent de Sidney Lumet, avec Marlon Brando.

Mario Monicelli racontera plus tard qu’il n’avait jamais cru à ce film, dont il avait hérité après le refus de Luigi Comencini et dont il avait, paraît-il, oublié jusqu’au nom de l’auteur du roman qui l’avait inspiré... un certain Alberto Moravia ! En effet, Larmes de joie n’eut pas beaucoup de succès en Italie. A Paris, où il fut présenté en exclusivité au cinéma le Triomphe (en juillet 1962 et en VO), il passa, également, quasi inaperçu !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TUEURS DE DAMES (1955) (Autre équipe de délinquants malchanceux, aussi amusants que pitoyables.) ou encore LE PIGEON (1958) (Par le même cinéaste, une autre bande de petits délinquants, assez navrants.).

Le 4 avril 2013, dans les colonnes du Nouvel observateur, le critique et auteur cinéphile Pascal Mérigeau expédiait rapidement les nouveaux films sortis cette semaine-là, notamment Quartet de Dustin Hoffman et 11.6 avec François Cluzet, pour en arriver au plus vite à la reprise de Larmes de joie, « le meilleur film de la semaine, [...], le plus original et le mieux abouti ». Fermez les guillemets. La même semaine, Télérama évoquait une « comédie pétillante » et les Cahiers du cinéma, un « joyau » chargé « d’une scintillante mélancolie hivernale » ! Malgré le peu de succès remporté lors de sa première exploitation, le film de Monicelli avait déjà recueilli, en France, une critique plutôt chaleureuse.

A l’exception de Michel Mardore qui, dans les Lettres françaises, trouvait « cette comédie [...] aussi sinistre qu’un réveillon du Nouvel An », et de Louis Chauvet, dans le Figaro, qui la jugeait, tout à la fois, « moins enjouée, moins enlevée, moins euphorique » que le Pigeon, tous s’accordaient pour y voir, tel Pierre Marcabru dans Combat, un film « vivant, remuant et chaud », avec des « gags nombreux et intelligemment menés », ajoutait Gilbert Salachas, de Télérama, pour qui Mario Monicelli était, décidemment, l’un des « rares bons cinéastes comiques vivants ». De son côté, l’anonyme chroniqueur de la défunte revue Démocratie 62 évoquait l’« étourdissante interprétation de Magnani et de Toto, cocasses et bouleversants ».

Si ce film marque leur unique collaboration au cinéma, l’illustre Toto et « La Magnani » se connaissaient très bien pour avoir sévi ensemble sur les mêmes scènes italiennes tout au long des années 1940. Unique expérience de l’actrice avec Monicelli, Larmes de joie fut, en revanche, le dernier des neuf films que Toto tourna sous sa direction. Il y avait eu Gendarmes et voleurs en 1951, mais aussi quelques-uns des trente-six films composant la saga des Toto, dont Toto cherche un appartement, Toto et les femmes ou Toto et Caroline. Fils d’un aristocrate ruiné, Antonio De Curtis Gagliardi Ducas Commène de Byzance, dit Toto, devait mourir à l’âge de 69 ans, sept ans après le film que vous venez de voir, laissant une imposante filmographie, riche d’une centaine de titres qui, pour ne pas être systématiquement des chefs-d’œuvre, ne firent pas moins de lui, l’un des acteurs les plus populaires d’Italie, respectueusement surnommé là-bas : « le Prince » !

Lors de ce 40e Cinemed dans le cadre du cycle “Comédie italienne”, ce “Larmes de joie” est sans doute le film qui m’a le plus surpris. D’abord parce que j’avais du mal à m’imaginer la Magnani dans une comédie. Elle est magnifique, ça je le savais, mais surtout ...

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