LE CHARDONNERET

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A l’origine du Chardonneret, il y a un livre de 784 pages qui a valu à la romancière Donna Tartt de recevoir le prix Pulitzer en 2013. Mais sa dimension exceptionnelle représente un casse-tête pour quiconque veut l’adapter au cinéma.

Le scénariste Peter Straughan a relevé le défi, avec pour résultat ce film de 2H30, qui suit le parcours d’un jeune New yorkais à partir du jour où il perd sa mère lors d’un attentat au musée Metropolitan. Dans la confusion qui suit, il vole un tableau et ce secret le poursuivra pendant tout le reste de sa vie.

Ce souvenir est chargé de symboles, et le film tente de relier une quantité d’informations et de péripéties au fil d’un parcours dense et mouvementé qui le mènera d’une famille d’accueil new yorkaise à Las Vegas en passant par Amsterdam, et lui fera rencontrer des personnages variés, plus ou moins amicaux. Comme une version moderne d’Oliver Twist, c’est l’histoire d’un jeune homme en quête de lui-même.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver OLIVER TWIST (Un orphelin traverse une quantité d'épreuves pour faire l'apprentissage de la vie.) ou encore DE GRANDES ESPÉRANCES (Un homme court après l'amour impossible d'une femme qu'il a connu lorsqu'ils étaient enfants.).

Fable existentielle sur la faillite morale et la déception amoureuse, réflexion sur l’effet de l’art sur le spectateur et sa permanence, le roman de Donna Tartt est resté pendant 30 semaines dans la liste des bestsellers du New York times. Le tableau que le personnage vole et qu’il est psychologiquement incapable de restituer est Le chardonneret réalisé par le peintre flamand Carel Fabritius en 1654. Originaire de Delft, le peintre a été un élève de Rembrandt, et il est mort dans l’explosion d’une poudrière qui a également détruit une partie de son œuvre. Il est assez évident que la romancière a fait volontairement le lien avec le sort de son personnage, traumatisé par une explosion.

D’origine irlandaise, le réalisateur John Crowley s’est fait connaître avec Boy A, qui racontait le retour à la vie d’un garçon après un énigmatique séjour en prison. Par la suite, il a mis en scène Brooklyn, un drame romantique situé dans les années 50 qui a valu à Saoirse Ronan une nomination à l’oscar.  Il a également réalisé deux épisodes de la série True Detective. Sa capacité à raconter une histoire complexe dans le cadre d’une reconstitution historique semblait l’indiquer pour illustrer ce chaotique passage à l’âge adulte, qui implique beaucoup d’allées et venues dans l’espace et dans le temps. Pour les besoins du script, il lui est arrivé d’alterner simultanément trois strates temporelles différentes.

Le Chardonneret est le premier long métrage monté par Kelley Dixon, laquelle s’est auparavant exercée sur des séries télévisées qui lui ont valu sept nominations aux Emmy awards, notamment pour son travail sur la série Breaking bad. Pour se préparer au rôle du jeune Boris, Finn Wolfhard a travaillé avec une coach pour reproduire l’élocution d’Aneurin Barnard, qui joue Boris adulte, et dont il a également étudié la démarche et la gestuelle dans Dunkerque. À sa sortie, le film a eu du mal à attirer le public, en partie à cause de sa durée. Il a été une cible facile pour les critiques, les uns lui reprochant sa longueur, les autres au contraire d’avoir escamoté des éléments du roman.

Le Chardonneret s'annonçait comme l'un des projets les plus ambitieux de cette année: l'adaptation all-stars du pavé vaporeux de Donna Tartt, auteure à la voix si singulière, mélancolique et violente, souffreteuse et abyssale. Le film de John Crowley en est une adaptation ...

La très grande force du Chardonneret est de parvenir à croiser les deux trajectoires pourtant opposées de l’art : d’une part sa dimension transitoire, tout entière incarnée par les tribulations d’un apatride dans une Amérique curieusement vidée de sa substance, une ...

Difficile de prime abord de comprendre pourquoi cette adaptation d’un récent prix Pulitzer (qui récompense un roman américain de qualité), ait été à ce point conspué lors du dernier festival international du film de Toronto. On se dit que cela doit venir pour la plupart ...