LE JOUET (VERSION RESTAURÉE)

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Après avoir signé les scénarios de comédies françaises emblématiques des années 1970 comme Le Grand blond avec une chaussure noire ou L’Emmerdeur, Francis Veber décide de passer à la réalisation en 1976, avec Le Jouet. Séduit par le scénario, Pierre Richard, alors au faîte de sa gloire, a accepté tenir le rôle principal et même de produire le film à condition que le scénariste assure effectivement la mise en scène de cette histoire balançant entre rire grinçant et moments de tendresse.

En effet, le jouet en question n’est autre qu’un journaliste repéré dans les rayons d’un magasin qu’un enfant de onze ans choisit pour cadeau de Noël. Comme le gamin est le fils du patron milliardaire de l’hebdomadaire où vient d’être embauché le reporter après une période de chômage, ce dernier se résout à accepter de se transformer en « jouet » du gosse tyrannique et capricieux.
Avec cette satire de la toute-puissance de l’argent, Veber réussit son entrée dans la cour des réalisateurs et il dirigera ensuite à nouveau Pierre Richard dans La Chèvre (où le héros s’appelle François Perrin comme dans Le Jouet), mais aussi dans Les Compères et Les Fugitifs.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver THE TOY (Un remake américain du JOUET avec Richard Pryor) ou encore LA CHÈVRE (Une comédie de Francis Veber également interprétée par Pierre Richard).

"Le sujet du Jouet, c'est la plus belle idée de ma vie" assurait Francis Veber au moment de la sortie du film. C’est aussi le début d’une carrière de réalisateur qui va aligner les succès comme Le Dîner de cons. Pourtant tout n’était pas gagné au début du tournage, « finie la solitude favorable à l’inspiration, dit-il dans ses mémoires. Vous êtes brusquement confronté à une foule de gens, comédiens, techniciens qui posent tous des questions et il faut faire semblant d’avoir les réponses ».

Diriger Pierre Richard n’est pas la moindre difficulté. L’interprète du Distrait et des Malheurs d’Alfred jouait comique. Il courait en levant haut les genoux et disait ses répliques en bégayant. Or c’était le contraire que voulait Veber qui trouvait que jouer comique dans une situation comique est un pléonasme. Mais à force de travail, le comédien s’est débarrassé de ses tics. Pierre Richard ne s’en est pas caché d’ailleurs. Conscient que Le Jouet serait un pallier dans sa carrière, il a laissé Veber le tenir pendant le tournage et tirer sur les rênes.

Trouver un enfant avec une vraie autorité n’a pas été facile non plus. Et il a fallu un casting de 1500 candidats avant de sélectionner Fabrice Greco l’interprète du jeune Eric, dont ce sera le seul film. Ce personnage est en fait central dans cet affrontement entre un milliardaire et un homme de la rue, autant dire la lutte entre le pot de fer contre le pot de terre. Veber a fait une fable  sur le pouvoir de l’argent où il règle ses comptes avec certains magnats de la presse, mais au-delà il questionne à sa façon certaines relations humaines. « On est tous le jouet de quelqu'un parce qu'on le veut bien, déclare-t-il. Comment supporterait-on certains patrons ou chefs de service pendant des années si ce genre de complicité ne s'établissait pas? On râle après eux, mais finalement, ils nous sont indispensables, de la même façon qu'il y a toujours un persécuteur et un persécuté dans un couple." 

La force comique et l’intérêt du propos développé par le Jouet n’ont d’ailleurs pas échappé à Hollywood et Richard Donner a signé en 1982 The Toy un remake du film avec deux stars comiques d’alors, Richard Pryor et Jackie Gleason.