LE LAIT DE LA TENDRESSE HUMAINE

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En 2001, pour son quatrième long métrage, Dominique Cabrera aborde un thème peu vu au cinéma : la dépression post-partum, plus communément appelé baby blues. Christelle est chez elle, elle a laissé son nouveau-né seul dans la salle de bain avec le robinet qui coule. Prise de panique, elle abandonne son domicile et se réfugie chez sa voisine. Elle est incapable de mettre des mots sur ce qui se passe. 

La réalisatrice française née en Algérie est connue pour son style cinématographique qui oscille entre le documentaire et l’autobiographie. Dans Le Lait de la tendresse humaine Cabrera filme ses personnages de près, sans suivre une ligne narrative claire, en étant dans l’émotion, jamais dans le jugement de cette mère qui ne peut plus s’occuper de son enfant.

Patrick Bruel interprète le père de famille désemparé face à la disparition de sa femme. Le chanteur fait le choix audacieux d’entrer dans un registre où on ne l’attendait pas, un drame exigeant où il joue tout en finesse, tout comme Marilyne Canto qui lui donne la réplique en mère au bord de la crise de nerfs.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE FILS (un autre film réaliste avec Olivier Gourmet) ou encore POST PARTUM (un film sur le baby blues).

Cabrera avait fait tourner Marilyne Canto dans son film précédent Nadia et les hippopotames qui avait été sélectionné dans la catégorie Un Certain Regard au festival de Cannes en 1999. Canto y jouait une employée de la SNCF qui rencontrait une mère célibataire, Ariane Ascaride, qui avait déjà un rapport compliqué avec son bébé qu’elle portait partout.

Les frères Dardenne sont coproducteurs du film de Dominique Cabrera. D’ailleurs un de leur acteur fétiche, Olivier Gourmet, se retrouve au casting du Lait de la tendresse humaine. L’acteur belge qui a tourné avec les Dardenne dans La Promesse, Rosetta et dans Le Fils en 2001 tourne la même année le film de Cabrera. Dans Le Lait de la tendresse humaine, il garde son côté bourru et attachant lorsqu’il retrouve une des femmes qu’il a aimé, Babette, interprétée par Yolande Moreau.

Le baby blues reste une des thématiques taboues dans notre société où l’amour maternel est sensé être un sentiment inné que la mère ressent dès la naissance de son enfant. Un Conte de Noël  d’Arnaud Desplechin ou Barrage contre le pacifique  de Rithy Panh osaient faire le portrait de mères qui n’étaient pas attachées à leur enfant ; mais à chaque fois cet « enfant » avait déjà l’âge adulte contrairement aux nouveaux nés abandonnés dans Le Lait de la tendresse humaine, ou dans le film de Delphine Noels Post Partum tourné en 2011. Ces deux films montrent que c’est une vraie dépression qui envahit la mère, laissant la femme et son entourage désœuvrés face un maux que l’on connaît encore mal.