A la fin des années 80, lors d’une interview accordée au journaliste et futur cinéaste Christophe Gans pour le compte du magazine Starfix, Tinto Bras expliquait ainsi sa façon de filmer le sexe : « Je suis un cinéaste de la pure sensualité. J’observe, je garde, je retiens tous ces moments qui ont un pouvoir sensuel. Si je ne filme pas une jupe qui se soulève avec la lumière juste, ça ne donnera strictement rien ». Ou, plus loin : « Je suis un épicurien, mais aussi un styliste, comme il existe des stylistes de mode. Et, en tant que Vénitien, je pourrais ajouter que je suis un styliste de la “mouna” , ou, autrement dit, “sexe féminin” en vénitien ». Comme on le voit, Tinto Brass est un énorme obsédé sexuel et l’a prouvé à travers une filmographie très provo qui compte une vingtaine de films très osés dont les trois plus célèbres sont La Clé (portrait très salé d’une femme libertaire), Salon Kitty (virée sexuelle dans les bordels berlinois du 3e Reich) et l’indispensable Caligula, célèbre péplum à scandale des années 70 joué par de grands acteurs shakespeariens et des playmates de Penthouse. Mais si The Voyeur à cette telle cette puissance érotique, c’est aussi grâce à la sublime photo cotonneuse de Massimo Di Venanzo, chef opérateur sur cinq autres Tinto Brass, à la musique de Riz Ortolani, un des grands compositeurs du cinéma de genre italien des années 50 à aujourd’hui et à la beauté de ses actrices généralement inconnues. Dont, ici, la sublimissime Katarina Vasilissa. Cette beauté polonaise née en 1971 et sortit de nulle part n’aura donc fait qu’une une unique apparition dans The Voyeur avant d’abandonner le cinéma. Même si, selon certaines personnes très informées, elle aurait un court détour du côté du porno. Mais ça reste à prouver…