LES CRIMINELS

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En 1960, Joseph Losey vit en Angleterre depuis 8 ans après avoir été blacklisté aux Etats-Unis pour son appartenance au Parti Communiste. Il connaît une seconde vie artistique et s’essaie ici au film de prison d’après un sujet de Jimmy Sangster, pilier de la Hammer et auteur de quelques Dracula et Frankenstein pour Terence Fischer. Le scénario est retravaillé par Alun Owen qui n’a alors à son actif que quelques dramatiques télé, mais qui s’avère doué pour saisir les dialectes et le langage populaire. Le rôle principal est offert à Stanley Baker, dont on retrouvera le physique imposant dans L’enquête de l’inspecteur Morgan, Eva et Accident. Face au charismatique gallois, on croise l’irlandais  Patrick Magee que l’on reverra dans Orange Mécanique et Barry Lyndon de Stanley Kubrick, l’américain Sam Wanamaker, passionné par l’œuvre de Shakespeare, lui aussi exilé en Angleterre  par la terreur maccarthyste et l’arménien Grégoire Aslan, dit Coco Aslan, dont la finesse de jeu lui vaudra un rôle dans le Mr Arkadin d’Orson Welles. Une bien belle bande de criminels donc, éclairés par le grand Robert Krasker, oscarisé pour Le troisième homme. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES FRÈRES KRAYS DE PETER MEDAK ou encore JACK L'ÉVENTREUR DE ROBERT BAKER ET MONTY BERMAN .

A l’époque où Joseph Losey tourne Les Criminels, le public n’est pas encore habitué à un telle violence. Mais le but est de montrer la vie en prison telle qu’elle est vraiment avec la corruption des gardiens, les guerres de bandes, les règles d’or et l’incroyable brutalité empreinte d’humour et de compassion. Le cinéaste enquête auprès de nombreux prisonniers et pour donner une certaine crédibilité au personnage de Johnny Bannion, il rencontre le célèbre Albert Dimes. Le gangster londonien est d’une beauté stupéfiante, grandiose et élégant au volant de son immense décapotable blanche, mais plein de colère aussi, macho avec les dames et très déterminé d’après la légende qui lui prête quelques années auparavant un affrontement au couteau avec un rival nommé Spot qui se terminera dans un bain de sang et le maintien de son contrôle sur les bas-fonds.
Pour la construction de la prison, Joseph Losey fait copier scrupuleusement l’intérieur d’une vieille bâtisse victorienne. Le plateau n’étant pas assez grand, le directeur photo Robert Krasker aura l’idée de disposer des miroirs de façon à doubler la surface du décors.
Pour la musique, le cinéaste fait appel à John Dankworth qui n’a alors aucun succès comme musicien de jazz et aucune réputation comme compositeur de cinéma. Mais il est marié à Cleo Laine, qui interprètera la chanson « Prison Blues »  pendant qu’il la jouera au piano.
Ce film étant un petit budget, il fallait tourner entre 15 et 20 plans par jour. Mais Joseph Losey ayant reçu un kaléïdoscope en cadeau de Noël, il décida de l’utiliser et de faire apparaître le personnage de Susan de manière fragmentée. Ce seul plan demandera une journée entière de travail avec énormément de lumière et de répétitions.
Enfin pour la scène finale la neige n’était pas prévue. Mais elle commença à tomber drue sur le fleuve pendant la scène du bateau. A l’arrivée sur le champs labouré, elle avait gelé et rendait les déplacements difficiles pour les acteurs dans leurs costumes légers. C’est ce qu’on appelle un heureux accident.

Un film de gangsters solide. La plupart de l'action se déroule en prison, mais on découvre ce qui fait le quotidien des (enfin de ces ...) criminels. Je trouve que c'est assez bien dialogué et interprétés. La mise en scène et le montage de certaines scènes est excellents. ...

J'ai trouvé le film un rien inégal. Il est des passages vraiment impressionnants. Je pense au début. Je pense à la fin. En contre partie, il y a des moments plutôt plats, où Losey s'efface trop par rapport à l'histoire. C'est ce qui me dérange. la différence entre les ...

Durant son exil au Royaume-Uni, Joseph Losey a poursuivi son bonhomme, enchaînant des projets de commande jusqu’à obtenir la consécration. Sur le sol anglais, il l’obtiendra grâce à L’enquête de l’inspecteur Morgan (Blind Date en VO). En France, cela se fera grâce ...