LES MUNICIPAUX, TROP C'EST TROP

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Depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, Eric Carrière et Francis Ginibre font partie des talents comiques les plus plébiscités par le grand public. Sous le nom des Chevaliers du fiel, ils n’en finissent pas de remplir les salles les plus vastes, forts de leurs sketches, nés de l’observation de la France profonde et de ses particularisimes. Qu’ils parlent d’éducation, de politique ou de religion les gens rient, passent un bon moment et n’en demandent pas plus. 

Au cinéma, leurs débuts remontent à 2014 avec Repas de famille, une comédie de situation qui confrontait deux couples aux sensibilités politiques opposées qui se battaient pour savoir qui prendrait Mamie à Noël… Cependant, moins de 200 000 spectateurs jugeaient bon de se déplacer en salle pour un résultat cependant mitigé et source de frustration pour le tandem, qui en 2018 remettait ça en produisant et réalisant Les Municipaux : l’histoire d’une bande d’employés de la ville de Port-Vendres, moins pressés de "travailler" au sens propre, que de penser à l’apéro.   

600 000 spectateurs accouraient cette fois au rendez-vous donné en salles, donnant aux Chevaliers l'envie de mettre en chantier la suite, que vous vous apprêtez à regarder. On est toujours à Port-Vendres et l’étau se resserre. Le maire veut écrémer leurs effectifs, alors la riposte s’organise, avec l’organisation d’une grève du zèle. Ce qui ne manque pas de piquant de la part d’employés plus portés sur les RTT que sur les heures sup’ ! Mais comment tout ça va donc finir ? 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver QUO VADO ? (En Italie, ce film qui mettait en scène un fonctionnaire paresseux, fut l'un des gros succès populaires de l'année 2016.) ou encore LES MUNICIPAUX, CES HÉROS (Un an avant, le même tandem mettait déjà en scène les aventures de ses employés municipaux.).

Avec ce genre de films connotés “France profonde”, les Chevaliers du fiel réinvestissent un créneau peu noble sur un plan cinématographique, mais jadis florissant. Dans les années 80 les papes du genre s’appelaient Robert Thomas (réalisateur entre autres de Mon curé chez les nudistes avec Paul Préboist), Richard Balducci (avec Prends ta Rolls et va pointer, fabuleux nanar avec Jean Lefebvre) ou encore Max Pecas, l’inoubliable auteur des Branchés à Saint-Tropez. 

Les personnages des Municipaux ont d’abord pris forme sur scène en 2014, Éric Carrière et Francis Ginibre faisant d’eux le coeur de leur spectacle. Une série diffusée sur C8 voyait ensuite le jour en 2016, avant d’être portée au cinéma. C’est à Port Vendres, qu’ils connaissent bien pour y avoir leur bateau amarré que les deux hommes ont situé une nouvelle fois l’action de leur comédie, avec la bénédicition de la municipalité qui a vu la production générer des recettes exceptionnelles pour ses habitants.  

Ce deuxième volet est selon eux “plus social” puisqu’il s’intéresse aux inquiétudes des employés d’une petite ville et font, de loin, écho aux manifestations des gillets jaunes qui ont marqué le quotidien des français fin 2018. Derrière la caricature, se dégage cependant une tendresse réelle pour ces modestes, portés sur le farniente mais sous statut salarié. Originaires de Toulouse où ils se sont connus, Francis Ginibre, auteur du scénario et Eric Carrière ne cachent pas leur admiration l’un pour l’autre. “Eric me fait rire autant qu’au premier jour confie volontiers Francis. En tant qu’acteur, je le trouve excellent, et en tant qu’homme - écoutez-ça - il est exquis, simple, loyal facile à vivre et doué pour le bonheur”. Que demander de plus ? N’est-ce pas ce qu’on recherche tous dans le fond ?