LES TEMPS MODERNES

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Travailler c’est trop dur, surtout dans les usines du taylorisme américain des années 30. Mais qu’est-ce que c’est drôle, le refus de la robotisation, quand Charlie Chaplin s’en empare… 

« Les temps modernes » est le film qui a ruiné la réputation culturelle du capitalisme. C’est l’œuvre roosseveltienne parfaite qui raille la modernité et rappelle les fondements de la constitution américaine.  

Charlot n’est déjà plus Charlot, le clown vagabond, mais l’incarnation définitive du « hobo » celui qui voyage de train de marchandise en train de marchandise et traine ses savates dans l’Amérique de la survie. « Modern times » a secoué les Etats-Unis à sa sortie en février 1936. Le film est semi-sonore, mais pas tout à fait parlant encore. Le maître du silence résiste encore aux machines tapageuses. Et comme le titrait René Clair : « Le silence est d’or ». 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE MÉCANO DE LA GÉNÉRALE (Parce que Buster Keaton est avec Charlie Chaplin le plus grand acteur comique du cinéma muet, et que "Le Mécano de la Générale" est le sommet de sa carrière.) ou encore METROPOLIS (Parce que ce spectaculaire classique du cinéma muet contient des scènes dans une usine du futur, qui ressemblent beaucoup à celle des "Temps modernes", mais en moins drôle.).

Le « Chanteur de Jazz » (1927) de Alan Crosland est officiellement le premier film parlant, alors qu’il n’est que sonore.  Mais dès le début des années 30, tout le monde à l’écran se met à parler. C’est la mort pour bien des acteurs, particulièrement chez les burlesques vieillissants. Mais Chaplin est le roi du monde. Le génie vogue vers la quarantaine (il est né en 1889) et plus que jamais il se sent mime. Avec « Les lumières de la ville » (1931), il va encore choisir de se taire au milieu des bavards. 

A l’époque, déprimé par la nouvelle industrie du parlant, il voyage autour du monde et cherche l’inspiration. Pourtant sa gloire internationale et la rencontre en juillet 1932 de Paulette Goddard (dont il tombe raide amoureux, jusqu’à l’épouser en cachette) vont le ramener sur les plateaux. « Limelight » sera pour elle et pour la paix dans le monde. Le film est encore dans la zone trouble du sonore mais on entend la voix du maître et, ouf, elle ne trahit pas Charlot. On l’entend même chanter en yaourt comme on dit aujourd’hui.  

Grandeur de l’inspiration, le verbe n’existe dans le film que comme élément totalitaire : interjection, hauts parleurs, disque ou radio. Quant à la mécanisation des tâches, le génie n’a pas oublié les chorégraphies funèbres du «  Metropolis » de Fritz Lang. Et pour couronner le tout, il compose une partie de la musique (il était aussi violoniste). Celle notamment du générique de fin dont sera tirée la chanson « Smile »  qui fera le tour de la planète interprétée par Nat King Cole, Judy Garland ou… Michael Jackson. Le film, en dépit (ou à cause) de son succès, achèvera, aux yeux des milieux conservateurs américains (et du code Hays) de classer Chaplin dans le camp des communistes… Et ce d’autant plus que Paulette Goddard, de 21 ans sa cadette, était désormais son épouse. Un partageux et un satire… Oui, mais quel business man ! 

Les temps modernes est un film d'une excellence ahurissante. Je veux dire, c'est com-plète-ment dingue ! (On le sait bien, mais c'est toujours édifiant de constater que :) Pas besoin de quantité de mouvements de caméra, pas besoin de plans de la mort qui tue, pas besoin d'effets ...

Charlot est un ouvrier zélé. Il effectue un travail à la chaîne dans une grande entreprise. La production et le chiffre d'affaire étant bien entendu les principales préoccupations de la direction, celle-ci ordonne une augmentation des cadences. Avec ce rythme effréné, ...

... to the Machine. Pour sa dernière apparition à l’écran, le personnage de Charlot ouvre les yeux sur le monde qui se métamorphose autour de lui. Annoncé comme un ouvrier dans le générique, il opère un cheminement inverse du schéma traditionnel, qui le fait quitter ...