LES TRIPLETTES DE BELLEVILLE en VOD
- De
- 2003
- 77 mn



- Jeunesse
- Belgique | Canada | France
- Tous publics
- VF - HD
PARCE QUE
Si l’ouverture de Les Triplettes de Belleville rappelle immanquablement les courts-métrages de l’âge d’or de l’animation américaine des années 20, avec son spectacle de music-hall, ses artistes et la première occurrence de la musique phare du film (Belleville Rendez-vous), l’univers que Sylvain Chomet déploie par la suite se caractérise par un style éminemment singulier, encore aujourd’hui. En 2003, au moment où le film sortait en salles, on avait rarement vu du côté du grand public autant de singularité dans le dessin à l’écran : entre rétro, exagération et grotesque, l’architecture semble constamment avaler les êtres humains et les animaux qui les accompagnent dont les corps adoptent des proportions extraordinaire. Un résultat marquant obtenu grâce à une animation réalisée majoritairement en 2D, avec des dessins à la main.
Sylvain Chomet est né en 1963 dans une famille qui regardait le Tour de France, réminiscences de l’enfance que l’on retrouve à l’intérieur de Les Triplettes de Belleville. A travers ses propres souvenirs, c’est toute une nostalgie de la culture à la française que l’on retrouve dans le film, des cyclistes s’acharnant à pédaler jusqu’au sommet d’une étape particulièrement ardue à la mafia française à New-York dont le chef est constamment aviné, en passant par les fameuses triplettes qui sont friandes de grenouilles dégustées à toutes les sauces. Joséphine Baker au début du film, Charles Trenet, Jacques Tati, Yvette Horner, les références qui ne manquent pas constituent un hommage à la fois tendre et burlesque à nos valeurs sûres.
Sous ses apparences poétiques et attendrissantes, Les Triplettes de Belleville recèle une ambiance sombre, voire glauque par instants, dans un monde qui montre ce qu’on appelle de nos jours la gentrification, le dénuement mais aussi une époque où l’argent roi mène les puissants aux pires horreurs pour parvenir à leurs fins. Il est intéressant de constater que dans le film, Sylvain Chomet impose sans verser dans la caricature une France en pleine mutation où il fait bon vivre à des Etats-Unis où tout s’achète et où rien n’est gratuit. Sans jamais recourir à de grands discours, on assiste à un monde traversé par les dérives du capitalisme, de la société de consommation et de l’obsession de la performance qui grandit via la préparation et la participation au Tour de France.
Contrairement à ce qui était montré dans l’animation au début des années 2000, Sylvain Chomet fait le choix audacieux avec Les Triplettes de Belleville de réaliser un film d’une heure dix-huit sans dialogues, mais avec une musique omniprésente. Composée par Benoît Charest, la bande-son originale mélange jazz, swing rétro et des sons bidouillés à partir d’objets du quotidien (aspirateur, journal en papier, réfrigérateur…) dans une inventivité sans cesse surprenante, dont l’apothéose réside dans le morceau Belleville Rendez-vous, sélectionné aux Oscars dans sa version générique interprétée par Mathieu Chedid. Ainsi, n’importe quel son du film devient chantant et parlant, dans un esprit joyeux et bricoleur qui fait écho au style graphique loufoque de Sylvain Chomet.











