LES YEUX SANS VISAGE (VERSION RESTAURÉE)

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En 1960 sort Les yeux sans visage film effrayant de George Franju avec Pierre Brasseur dans le rôle d’un savant fou… de douleur. Le film s’aventure dans les domaines encore peu explorés de la chirurgie esthétique qui fascine les magazines féminins.

L’étrange Edith Scob incarne, c’est le cas de le dire, la fille de l’étrange docteur et c’est un rôle qui, bien qu'elle le joue avec un masque, la poursuivra toute sa vie et parce qu’il marquera durablement les esprits. Alida Valli et Juliette Mayniel sont aussi du voyage ainsi d’ailleurs que le tout jeune Brasseur, Claude, fils de Pierre.

C’est le second film de Georges Franju et c’est tout simplement une œuvre essentielle.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA NUIT DES MASQUES DE JOHN CARPENTER (1978) (L'enfant perverti du film de Franju. Outre l'artifice du masque qui cette fois-ci dissimule le masque du démon et non de la victime, Carpenter a créé un terrible suspense sur la violation de l'intimité et la mutilation de la jeunesse. Un film qui à son tour, a généré un véritable genre, le slasher, décliné depuis à l'infini.) ou encore FRANKENSTEIN DE JAMES WHALE (1931) (Le premier grand film d'horreur basé sur la naissance d'une créature composée d'éléments humains greffés. Un grand moment d'expressionnisme et de violence tragique et désespérée. Le roman de Mary Shelley dont il est inspiré mettait plutôt l'accent sur la disgrâce de la créature, qui, faute d'amour, devenait un monstre de frustration et de violence.).

S’il est anachronique et abusif de parler de « Slasher », ce genre horrifique de tueur masqué, il faut cependant noter que John Carpenter a fait référence aux Yeux sans visage pour La nuit des masques et que même Pedro Almodovar, fasciné par la plastique féminine, y fait allusion dans La piel que habito (2011). Quant à Jess Franco il a commis un remake à sa sauce avec Les prédateurs de la nuit en 1988.

Toutefois le film de Franju est un peu la matrice d’un fantastique moderne  et aussi l’aboutissement d’un style expressionniste né chez Fritz Lang et que magnifie le beau noir et blanc crée par l’opérateur Eugen Schufftan, celui précisément de Metropolis et du Quai des brumes de Carné. Au départ il y a un roman de Jean Redon adapté par le duo maléfique Pierre Boileau et Thomas Narcejac, avec la complicité de Claude Sautet qui était, selon ses propres termes, un des ressemeleurs du cinéma français, autant dire un grand consultant à l’écriture. C’est la seule fois où Boileau-Narcejac travailleront sur l’adaptation d’un roman autre que les leurs. Ils retrouveront Franju sur le scénario original de Pleins feux sur l’assassin en 1961. Rappelons qu’ils furent les auteurs d’un roman fameux Celle qui n’était plus dont Clouzot fit en 1955 un thriller glaçant intitulé Les diaboliques. On reste dans l’effroi.

Edith Scob aura été une des actrices de prédilections de Franju avec 4 films, dont le célèbre Judex. Léos Carax rendra lui aussi son hommage au maître en faisant retourner l’actrice avec son masque à la neutralité effrayante dans Holy motors cinquante deux ans après les faits. Au cinéma la greffe des visages prend toujours.

« Les yeux sans visage » Rien que le titre aguiche, avouez… J’avoue sans honte que je n’en avais jamais entendu parler, et je profite de cette « critique » pour remercier Biniou qui, en me le proposant pour l’une de mes listes « films de bébêtes volantes / rampantes ...

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