MAD CITY

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Qu’il le veuille ou non, Costa-Gavras fait toujours des reconstitutions. J’entends par là des reconstitutions façon justice, c’est son côté avocat. Et ça vaut pour la France comme pour les Etats-Unis.

Qualifié de « cinéaste engagé », dès ses premiers grands succès Z (1968) et L’aveu (1970), il n’a eu de cesse de traquer l’injustice et pointer du doigt tous les révisionnismes et amnésies de l’histoire. Il n’est pas étonnant qu’il ait eu une carrière américaine d’ailleurs, compte tenu de la passion hollywoodienne pour le film de justiciable ou de procès. En 1998 le cinéaste lance un pavé dans la mare médiatique avec Mad City qui relate le show organisé par la télé autour d’une prise d’otage.

Le casting est royal avec la confrontation Dustin Hoffman, John Travolta. Evidemment si on espère un festival de pyrotechnie on en sera pour ses frais. La violence dans ce film, européen dans l’âme, est dans le voyeurisme de la société. Ca n’est pas pour rien que le film s’intitule Mad City, la ville folle.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BREAKING NEWS DE JOHNNIE TO (2005) ou encore UN MONDE PARFAIT DE CLINT EASTWOOD (1993) .

« Un homme fera une erreur, un autre en fera un spectacle » tel fut le slogan de lancement pour ce film. On pourrait l’appliquer au film lui-même, la société américaine fait des erreurs, Costa-Gavras en fait un film. Depuis Network ou Un après-midi de chien de Sidney Lumet les compromissions et le sensationalisme de la télé US ont été beaucoup dénoncé sur le grand écran et Mad city s’inscrit dans une tradition de film de lynchage,où, amplifié par le média audisovisuel, le spectacle prime sur la vérité. Costa-Gavras fidèle à ses convictions de gauche a courageusement œuvré outre-Atlantique pour exprimer des vérités honteuses. C’est Missing (1982) où Jack Lemmon cherche un fils disparu lors du putsch chilien de Pinochet organisé par la CIA ; c’est La main droite du diable (1988) où Debra Winger enquête sur une organisation façon Ku Klux Klan ; c'est Music Box (1989) où Jessica Lange avocate défend son père accusé d’être un ancien nazi. Costa, c’est un devoir de mémoire à lui tout seul, au point d’ailleurs qu’il a été accusé là-bas d’être communiste. Les scénaristes de Mad city, Tom Matthews et Eric Williams eux ne sont pas communistes. Et c’est le drame de Waco en 1993 qui les a inspirés : alors qu’une secte retenait en otage ses propres membres l’affaire avait tourné au bain de sang à cause, en partie, d’une excitation médiatique pourtant sevrée d’informations.

Costa a frappé fort au niveau casting. Au départ les deux stars voulaient jouer le gentil journaliste. Et puis Travolta assista aux essais d’un jeune acteur qui postulait pour le rôle du preneur d’otage. Soudain le personnage du méchant pas si méchant l’attira. Hoffman, lui, vint sur ce film pour Costa-Gavras, en souvenir de Clair de femme qui était pour lui la plus belle histoire d’amour jamais réalisée. Il suggéra d’ailleurs d’en faire un remake, avec lui dans le rôle de Montand peut-être... Le film est riche en caméos. C’est le cinéaste John Landis qui passe dans le rôle d’un médecin, c’est Larry King et Jay Leno stars de talk-show sur CNN et NBC qui jouent leurs propres rôles. Hélas malgré son casting Mad City passa totalement inaperçu aux USA. Il n’est pire sourd que celui qui ne veut entendre.

Le film en soi n'est pas exceptionnel. Par contre, j'ai beaucoup aimé cette critique très acerbe de la société dans son ensemble. Les médias principalement bien sûr, mais "l'opinion publique" en prend un sacré coup aussi, le marché du travail et la façon dont on traite ...

Costa-Gavras est un cinéaste qui a toujours su mélanger habilement un discours engagé avec une forme accessible pour le grand public. Parmi ses premiers long-métrages – on pense notamment à « Z » (1969) et à « L'Aveu » (1970) – ce procédé était déjà appliqué ...

En mettant en scène Mad City, Costa-Gavras met les américains face à un miroir en s'intéressant à la façon dont les médias jouent une influence sur le déclenchement et le déroulement d’événements graves, ici une prise d'otage. Le réalisateur de L'Aveu nous fait ...