MAJOR DUNDEE

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En mars 1965, l’Américain d’origine irlandaise, galloise et même indienne, Sam Peckinpah (40 ans tout juste) est furibard. Il faut dire qu’après s’être régulièrement opposé à son producteur Jerry Bresler pendant le tournage de son nouveau film, Major Dundee, il ne put l’empêcher de charcuter le film à sa façon, abandonnant notamment dans les chutiers de la salle de montage une trentaine de minutes lui apparaissant tout à fait inutiles, dont la scène de massacre qui ouvrait le film.

Dès lors, le cinéaste reniera Major Dundee, film « massacré » et « mutilé », qualifiant même Bresler, des années plus tard, de « fou paranoïaque ». Mort en 1984, Sam Peckinpah n’aura jamais eu l’occasion de voir la version reconstituée de son film, présentée pour la première fois au festival de Bologne 2005.

Nous sommes donc en 1864, la Guerre de Sécession s’achève. Le major Nordiste Amos Dundee – personnage fictif incarné par Charlton Heston – part à la poursuite d’un sanguinaire chef apache avec une poignée de volontaires, constituée d’anciens esclaves noirs, de Nordistes et de Sudistes, dont son vieil ennemi le capitaine Benjamin Tyreen, alias Richard Harris. C’est le début d’une longue chevauchée qui les mènera jusqu’au Mexique de Juarez où, les pieds dans l’eau du Rio Grande, ils ridiculiseront l’armée française venue prêter main forte aux troupes d’occupation de Maximilien d’Autriche. Voici Major Dundee, version 1965.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver RIO CONCHOS (1964) (Egalement au lendemain de la guerre de Sécession et pas loin du Mexique, deux anciens militaires recherchent un confédéré trafiquant avec les Apaches.) ou encore VERA CRUZ (1954) (Charlton Heston et Richard Harris rappellent Gary Cooper et Burt Lancaster, passant de l’Empereur Maximilien au révolutionnaire Juarez.).

En mai 1982, dix-sept ans après la sortie de Major Dundee, Charlton Heston accorda un entretien à l’émission Cinéma Cinémas. Revenant sur les grandes rencontres de sa carrière, il cite spontanément Sam Peckinpah, affirmant tout de même : « Major Dundee n’est pas un très bon film mais je suis ravi de l’avoir tourné. » A propos de l’homme, il confie : « Sam exige qu’on lui donne beaucoup. En fait, il faut l’épouser ! [...] Durant les trois mois de tournage au Mexique, on a été mariés ! » En 1969, dans la revue Cinéma, Peckinpah ne disait pas autre chose en avouant être « très exigeant », ne supportant pas « les gens qui prennent le cinéma pour un business », expliquant même : « j’ai un service de cars pour relier en permanence le lieu de tournage à Hollywood, afin que toute personne de l’équipe qui ne travaille pas avec le même enthousiasme que moi soit renvoyée immédiatement. »

Dans Cinéma Cinémas, Charlton Heston revenait, aussi, sur l’épisode célèbre au cours duquel le producteur voulut interrompre définitivement le tournage. Il rappelle s’être opposé à cette décision sans, pour autant – trop modeste sans doute – rappeler qu’il fit don de son salaire à la production pour permettre à son ami de poursuivre son film. « Ce n’est pas pour vous que je le fais, lui aurait-il dit, c’est pour moi : j’ai vu les rushes ! » Modeste et élégant ! A propos des coupes effectuées par le producteur, il rapporte que Peckinpah – toujours en vie à l’époque de l’interview – reste convaincu que, monté à sa façon, le film aurait été un chef-d’œuvre. Sûr de lui, l’inébranlable Ben-Hur assena un définitif : « Je ne suis pas d’accord ! »

Sam Peckinpah eut encore moins de chance avec son film suivant, le Kid de Cincinnati, pour lequel il fut remplacé au bout de huit jours de tournage par Norman Jewison. Retourné à la télévision, il attendra 1969 pour reprendre le fil de sa carrière cinématographique, avec notamment : la Horde sauvage, les Chiens de paille, Guet-apens ou encore Osterman Week-end, dernier titre de sa filmographie, sorti en octobre 1983. Quatorze mois plus tard, à l’âge de 59 ans, alors qu’il travaillait sur l’adaptation d’un livre de Stephen King, celui qu’Hollywood avait surnommé « Bloody Sam » mourut, victime, en grande partie, de son alcoolisme chronique. En mai 1998, dans un entretien accordé à la revue française Jeune Cinéma, Budd Boetticher, son confrère, et son aîné de dix ans, se souvenait l’avoir vu complètement saoul, tôt le matin, pendant le tournage de Major Dundee et affirmait, en guise de conclusion : « [Sam] s’est gâché la vie en buvant jusqu’à la mort. »

En plus de remplir ses promesses (un vrai western de mâles : Peckinpah, Heston, Harris, Coburn), Major Dundee propose un couche de lecture supplémentaire des plus agréables, puisqu'au film d'aventure se superpose un discours mûr et réfléchi sur l'art d'exercer une autorité. ...

Comme beaucoup, à tort, je considérais que Sam Peckinpah était le fossoyeur du Western américain, l'attaquant de l'intérieur et amorçant son déclin. J'étais un mouton dans le troupeau. Alors qu'en vrai, le western s'est tué tout seul, en tournant en rond et en recyclant ...

Donc Major Dundee était en tête de toutes mes envies. Je le récupère chez l'ami Torpy. Tout va bien dans ma vie. En fait, il se trouve que je l'avais déjà vu. Et il y a peu en plus. Ça y est, le diagnostique est officiel, j'ai Alzheimer. Tout va bien dans ma vie. Pendant ...