Le mélodrame, spectacle populaire par excellence, né dans les foires du XVIIIe siècle, se peaufine sur les planches du Boulevard du Crime et dans les romans-feuilletons du siècle suivant. L’outrance, l’exacerbation des pulsions, l’exaltation des sentiments, les cascades d’événements inattendus sont des caractéristiques marquantes qu’exploita le cinéma, dès ses débuts. La filmographie des mélos français est un long sanglot qui s’étrangle au milieu des années cinquante mais connaît encore de notoires résurgences avec Paul Vecchiali et François Ozon.
Des techniciens plus ou moins habiles jouent sur des recettes lacrymales et éprouvées. Des comédiens sombrent dans le ridicule, poussé par la grandiloquence des dialogues. Voilà qui condamne le mélo français à une très injuste condescendance. Pourtant son histoire est riche en chefs-d’œuvre, en auteurs, en subtilités et en recherches esthétiques. Non, messieurs-dames, le grand mélodrame ne se borne pas à l’Italie rongée par le péché, ni à Hollywood où John Cromwell et Douglas Sirk le rendirent flamboyants. Il est aussi hexagonal et fit les beaux jours du cinéma du sam’di soir.