MEMORY BOX

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Quel ado ne souhaiterait savoir quelles étaient les émotions, les préoccupations de ses parents, quand ils étaient eux-mêmes adolescents ? L’arrivée inattendue d’une caisse contenant les journaux intimes et la correspondance de sa mère avec une amie entre 13 et 18 ans donne à Alex, une jeune Montréalaise, l’occasion de se faire une idée plus précise de qui était sa mère à son âge.

Alex explore ces documents avec d’autant plus d’avidité que sa maman reste secrète sur cette période de sa vie alors qu’elle vivait au Liban en pleine guerre civile. Entre hier et aujourd’hui, Memory Box confronte cet album de souvenirs dans le Beyrouth des années 80 avec le présent de Maia et de sa fille Alex, installées au Canada. Memory Box parle de réconciliation avec un passé refoulé et ses secrets mais aussi d’une relation mère-fille qui se redessine.

Réalisé à quatre mains par Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, deux figures importantes du cinéma libanais à qui on doit notamment Je veux voir avec Catherine Deneuve, le film s’inspire librement de la correspondance de la coréalisatrice entre 1982 et 1988.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ÉTÉ 85 (Le film a été tourné en 2019 mais se déroule, comme son titre l'indique, dans les années 80 : la reconstitution est impeccable, on s'y croirait !) ou encore SOUS LE CIEL D'ALICE (Pour l'évocation poétique du Liban des années 1950, un pays où la joie de vivre est brutalement balayée par une crise politiques).

Le point de départ de Memory Box remonte à un soir de 2013 lors d’une présentation de The Lebanese Rocket Society, un documentaire et une installation, de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. Lors de ce vernissage Joana Hadjithomas revoit une amie perdue de vue depuis vingt-cinq ans. Elle avait quitté Beyrouth en 1982 mais avait continué à écrire à son amie Joana. Toutes deux se retrouvent comme si elles ne s’étaient jamais quittées et s’aperçoivent que l’une et l’autre ont conservé leur correspondance échangée jusqu’en 1988. La fille du couple Hadjithomas-Joreige, alors adolescente, manifeste un vif intérêt pour ces lettres mais les parents ne souhaitent pas que l’ado les lise en détail. « Voir sa mère comme héroïne d’un feuilleton sur papier, qui s’épanche sur le moindre de ses sentiments, n’aurait pu être que mauvais pour elle à son âge », pensent-ils.

Des années plus tard, ils décident de tirer une fiction de ce matériau. Cet ensemble de textes, de photos, d’enregistrements sonores ne pouvait qu’inspirer le couple d’artistes et de cinéastes fascinés par l’histoire de leur pays. « Si on ne garde aucune trace du passé, est-ce possible de vivre notre présent ? » s’interrogent Hadjithomas et Joreige. Sans être un travail d’historiens, Memory Box, apporte un éclairage sur la guerre civile libanaise, absente des livres d’histoire, comme ils le rappellent.  « Des historiens, des artistes, des écrivains essayent d’en reporter des fragments, certains films ou documents sont là pour attester un peu de ce qui a eu lieu. Il y a donc des traces, mais elles sont fragiles, elles se transforment, disparaissent, comme les bâtiments détruits par la guerre ou par la rénovation immobilière. »

La photo tient une place centrale dans Memory Box. Et pour cause ! Khalil Joreige a totalisé près de 60 000 négatifs en vingt-cinq ans de pratique photographique. En fait, la plupart des cahiers montrés dans le film ont été fabriqués. Plus de 10 000 photos avec les acteurs ont été prises pour montrer le passage du temps. Les formats des images vont du 8 mm à des films périmés des années 80. Le couple d’artistes, qui s’illustre aussi bien dans la vidéo d’art que l’installation photographique ou la performance, défend une certaine idée de l’artisanat. D’où ces plans où s’animent des clichés découpés ou encore ces photogrammes brûlés, autant d’exemples qui témoignent que leur « recherche visuelle ouvre des perspectives émotionnelles fortes. »

Le film présente deux aspects du Liban : celui de la morbidité de la guerre face au désir d’expérimenter, de libertés d’une jeunesse reluisante. Fortement autobiographique, le métrage montre une quête historique et mémorielle, la recherche d’identité de la part de ...

Beaucoup d'émotions parcourent Memory Box, construit à partir de deux temporalités : en 2019 à Montréal et plus de trente ans plus tôt, à Beyrouth, en pleine guerre. Des regards de filles et de mères, avec une transmission difficile car synonyme de cicatrices liées à ...

"Je serais ton œil" écrit Maia à sa meilleure amie Liza qui vient de partir en France pour échapper à la guerre du Liban. La famille de Maia va rester à Beyrouth. Pour donner des nouvelles du pays, Maia va écrire des lettres à sa meilleure amie. Petit à petit, ...