MONAMOUR

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Monamour, qui date de 2005, est resté inédit dans les salles françaises, comme de nombreux autres titres de Tinto Brass, grand maître du cinéma érotique italien. Les cinéphiles français connaissent toutefois son univers sulfureux grâce au retentissement de ses longs métrages sortis chez nous. Parmi eux, citons Salon Kitty, huis clos dans un bordel berlinois à l’époque du nazisme, La Clé où Stefania Sandrelli connaît sa libération sexuelle dans la Venise fasciste. Et bien sûr le cultissime Caligula où des inserts hardcore côtoient les séquences avec des stars comme Malcolm McDowell et Sir John Gielgud.

Pour le casting de Monamour, Tinto Brass s’est montré moins gourmand. Max Parodi (le mari cocu) était surtout connu pour avoir joué dans trois autres films de Tinto Brass dont Fallo ! où il donnait déjà la réplique à Riccardo Marino qui interprète ici l’amant fougueux. Quant à la la blonde incendiaire qui tient le premier rôle féminin, c’est une révélation. Née en Ouzbekistan en 1979, Anna Jimskaia fait là ses débuts au cinéma après avoir été gymnaste puis acrobate de cirque. Comme les précédentes actrices de Brass, elle a été choisie autant pour ses talents de comédienne que pour la forme de ses fesses, la partie du corps que Tinto Brass préfère chez la femme.

Le cinéaste fait lui-même une apparition dans son film. C’est le maestro qui disserte sur l’érotisme et l’art de la fellation dans la séquence du cocktail littéraire.

Monamour, en un seul mot, est bien le titre original du film. Il propose un jeu de mot sur « mona » qui, selon l’héroïne, désigne le sexe de la femme dans le dialecte vénitien.

 
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En tournant à Mantoue, sur les lieux de l’action, Tinto Brass a pu bénéficier, comme pour La Clé filmé à Venise, de trésors architecturaux. Notamment du magnifique Palais de Te, réalisé par Giulio Romano, peintre et architecte disciple de Raphaël et auteur également de la fresque avec un Jupiter très sexué qui éveille le désir de l’héroïne. Par ailleurs, Tinto Brass a comme d’habitude soigné ses éclairages et il a conçu ses visions érotiques à partir d’une utilisation remarquable des miroirs. Miroirs qui renvoient à la thématique du voyeurisme, autre élément fondamental de son art d’aimer.

Fidèle à ses principes, le cinéaste a lui-même monté son film. Pour l’équipe technique et les coscénaristes, il a repris des collaborateurs avec qui il avait souvent travaillé, parfois sur d’autres postes. C’est le cas de Carla Cipriani. Elle est ici mentionnée au générique comme coscénariste et productrice, mais lorsqu’elle a débuté sa carrière en 1963, sur le premier long métrage de Tinto Brass, elle n’était que script-girl. Monamour restera toutefois leur ultime collaboration : Carla Cipriani est morte en août 2006 à l’âge de 76 ans. Le goût de Tinto Brass pour l’opéra se retrouve ici dans la reprise d’airs de Verdi (Rigoletto) et de Rossini (Le Barbier de Séville). Mais son éclectisme musical le porte aussi vers la variété internationale. Témoin la chanson française écrite par Charles Dumont « Non, je ne regrette rien », qui n’avait sans doute jamais inspiré chorégraphie aussi torride.

Comme dans ses précédents films, Tinto Brass pousse l’érotisme jusqu’aux limites de la pornographie. Il filme par exemple des fellations. Mais il faut savoir que dans toutes ces séquences, le sexe des acteurs a été remplacé par des appendices artificiels. Il ne s’agit pas de caprices ou d’excès de pudeur mais d’une règle très stricte édictée par la censure italienne qui impose d’utiliser une prothèse dans tous les plans qui montrent un sexe masculin en érection.