MONSIEUR PAPA

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C’est devenu une blague récurrente dans le cinéma français : on cherche le film dans lequel ne sera pas Kad Merad ! C’est vrai que le comédien, autrefois révélé au sein du duo télévisé Kad et Olivier, est désormais un boulimique du grand écran. Pour Monsieur papa, il fait encore plus fort puisqu’il s’installe devant et derrière la caméra, signant au passage sa toute première réalisation...

Et pour ce bizutage de pellicule, on ne peut pas dire qu’il ait vraiment choisi la facilité : certes, Monsieur papa est une comédie et vous allez beaucoup rire en le regardant, mais pas que ! Cette histoire de maman célibataire surbookée qui va créer de toutes pièces un faux paternel pour son fils est aussi bourrée de tendresse et de réflexions parfois cruelles sur la réussite, le bonheur et les vraies valeurs...

Si Kad Merad interprète ce Robert Pique largué par la vie, Michèle Laroque incarne elle une Marie Vallois en forme de working-girl tout aussi à la ramasse. L’un n’a pas grand chose mais tout à offrir, l’autre ne manque de rien sauf de l’essentiel. Un duo de cinéma parfaitement huilé dont les deux acteurs avaient envie depuis longtemps, né d’une amitié nouée dans les coulisses des Restos du cœur dont ils sont tous deux des piliers historiques...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PRÊTE-MOI TA MAIN (Vrai-faux papa ou vraie-fausse fiancée : la comédie adore aller puiser dans le registre du mensonge pour créer des situations irrésistibles.) ou encore MADAME DOUBTFIRE (Jusqu'où un homme est-il prêt à aller pour trouver un but à sa vie ou rester au contact de ses enfants ?).

Alors c’est vrai, ce Monsieur papa vous aura peut-être rappelé quelque chose... et pour cause ! Il s’agit de l’adaptation très libre d’un roman de Patrick Cauvin, publié en 1976. L’auteur de E=MC2 ou de L’amour aveugle est un ancien prof de français, connu également comme auteur de polar sous le pseudonyme de Claude Klotz, disparu  en août 2010 à l’âge de 77 ans. Son livre avait déjà été très librement réécrit pour le cinéma l’année suivant par Philippe Monnier avec Claude Brasseur et Nathalie Baye. 35 ans plus tard, Kad Merad y a apporté un élément essentiel : l’air du temps... Les parents célibataires, la maman débordée par son job et les enfants ballottés au gré du planning des grands sont désormais monnaie courante.

Michèle Laroque, vous l’avez vue, est parfaite dans le rôle de cette femme d’affaire implacable au bureau mais totalement désarmée par la détresse de son fils à la maison. La comédienne est une habituée de ce genre de personnage apparemment forts mais en fait plus fragiles qu’il n’y paraît. Pédale douce, Ma vie en rose ou Enfin veuve, les exemples ne manquent pas dans sa filmographie. En 2009, dans Oscar et la dame rose, elle incarnait même une livreuse de pizzas, ex-catcheuse, reconvertie en garde malade d’un petit enfant condamné par le cancer. Il s’agissait là aussi de l’adaptation d’un roman à succès, signé cette fois Eric-Emmanuel Schmitt.

On le sait, faire jouer des enfants devant une caméra peut parfois se révéler compliqué et désastreux : un lieu commun dans la famille du 7e art veut d’ailleurs que les jeunes acteurs et les animaux soient les cauchemars des réalisateurs ! Pour son baptême derrière la caméra, Kad Merad a sans doute mis en pratique des années de révision devant, aux côtés des jeunes comédiens. Il a dirigé fermement mais avec tendresse un débutant nommé Gaspard Meier-Chaurand, parfait dans la peau du jeune Marius... Entre Les choristes, Je vais bien ne t’en fais pas, La tête de maman ou Le petit Nicolas, Kad a accumulé les rôles de papa, qui lui ont apporté le succès mais aussi l’affection sincère du public, jeune et moins jeune...