OLIVIA

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Derrière cette adaptation d’un roman britannique de Dorothy Bussy, on trouve la réalisatrice française Jacqueline Audry. Née en 1908, elle démarre sa carrière dans le monde du cinéma en assistant des cinéastes de renoms comme Henry Decoin, Georg Wilhelm Pabst, Jean Delannoy ou Max Ophüls. Elle passe à la réalisation en 1945 avec Les Malheurs de Sophie. Cette adaptation de l’oeuvre de la Comtesse de Ségur va faire d’Audry l’une des rares réalisatrices françaises de son temps, et lui ouvrir les portes du succès qu’elle perpétua à travers d’autres longs-métrages. Olivia est l’occasion de découvrir l’oeuvre d’une cinéaste particulièrement talentueuse.

La dimension engagée d’Olivia doit également beaucoup à ses deux scénaristes. Colette Audry,  soeur de Jacqueline, fut une militante de la Gauche révolutionnaire avant de rejoindre la résistance durant la seconde guerre mondiale, puis entama une carrière de scénariste auprès de sa soeur. Pierre Laroche, mari de Jacqueline, co-écrivit le scénario des Visiteurs du soir de Marcel Carné, avant de travailler pour son épouse, et sur d’autres films, notamment sur Le Septième Juré de Georges Lautner. En parallèle de sa carrière de scénariste, il fut chroniqueur pour le Canard enchaîné où il témoigna des nombreux méfaits de la colonisation en Algérie.

Lors de sa sortie en 1951, Olivia fit scandale pour avoir abordée ouvertement l’homosexualité féminine, sans porter de jugement envers ses protagonistes. En plus des dialogues à double sens, convoquant la mythologie, Audry fait preuve d’une mise en scène élégante. Les subtiles idées visuelles, retranscrivent avec brio, la passion naissante d’Olivia pour Mademoiselle Julie. Le film peut être vu comme un précurseur de deux autres longs-métrages. Les Amitiés particulières de Jean Delannoy, récit d’une relation homosexuelle entre deux adolescents dans un pensionnat, mais également La Rumeur de William Wyler avec Audrey Hepburn et Shirley MacLaine.

Olivia permet également de voir les débuts, devant et derrière la caméra, de futurs grands noms du cinéma français. Dans un petit rôle nous retrouvons Danièle Delorme, une habituée du cinéma d’Audry, qui tournera par la suite pour Julien Duvivier dans Voici le temps des assassins, et Agnès Varda dans Cléo de 5 à 7, avant de devenir productrice. À ses côtés on trouve le jeune Philippe Noiret, pas encore devenu l’interprète fétiche de Bertrand Tavernier, qui tient également l’un de ses premiers rôles, en tant que soupirant. Quant à Claude Pinoteau, futur réalisateur du thriller Le Silencieux et de la comédie adolescente La Boum, il assiste Audry à la réalisation.

Eh bien Olivia ! Es-tu jalouse de tant de beauté? Toi tu ne seras jamais tout à fait belle, non, mais tu as ta part. Un joli regard, une jolie bouche, un joli corps. Beaucoup de grâce Olivia ce qui est parfois préférable. Mais si d'envie me prenait de vous embrasser charmante ...

Joliment mis en scène (décors et costumes, et le film, pour le visuel, doit en effet beaucoup à Ophuls), et interprété , le film se distingue surtout par deux aspects : avoir été réalisé par une des très rares femmes à faire une carrière derrière la caméra à l'époque, ...

Un film important En effet, ce film mérite une réhabilitation. C'est un film bien plus important qu'on ne l'imagine dans le paysage cinématographique français de l'après seconde guerre mondiale. Il est resté, jusqu'à "Gazon maudit" en 1995 (!), un des seuls films français ...