PASSAGES

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Quatre ans après un film avec Isabelle Huppert (Frankie), Ira Sachs prolonge ses liens avec la France en réalisant Passages, dont l’action se déroule principalement à Paris, ville de prédilection du cinéma à l’échelle mondiale pour les histoires de cœur et de couple. Loin de verser dans le cliché, le cinéaste américain met en scène une histoire de trouple entre deux acteurs bien connus, Ben Wishaw et Adèle Exarchopoulos, et un qui l’est moins, Franz Rogowski, qui se fait néanmoins de plus en plus remarquer grâce à ses interprétations de qualité.

Sensuel et beau à la fois, Passages ne lésine ni sur les scènes d’amour où le charnel y tient une place majeure, ni sur l’esthétique des costumes choisis pour habiller les personnages qui semblent constamment en représentation : du fameux crop top avec ses dragons volants de Franz Rogowski au peignoir rouge vif de Ben Wishaw, en passant par le haut fuschia de Adèle Exarchopoulos, c’est tout un théâtre qui se déploie en écho au marivaudage à la française.

Autre force du film, son imprévisibilité : chaque scène démarre de telle façon qu’il est presque impossible de savoir comment elle va se terminer. Une intention volontaire de Ira Sachs qui fait de Passages une version tout sauf classique du drame amoureux.     

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES CHOSES QU'ON DIT, LES CHOSES QU'ON FAIT (Une autre histoire de marivaudage qui se déroule à Paris.) ou encore LA VIE D'ADÈLE : CHAPITRES 1 ET 2 (Des difficultés amoureuses entre homosexualité et hétérosexualité, deux films également liés par la présence d'Adèle Exarchopoulos.).

Paris comme théâtre de jeu, amours contrariées, professions artistiques… Passages de Ira Sachs est en quelque sorte un héritier naturel de la nouvelle vague française, à ceci près que le film embrasse son époque en abordant frontalement les relations bisexuelles. En dehors des apparences frivoles des va-et-vient de Franz Rogowski, de Ben Wishaw à Adèle Exarchopoulos et inversement, c’est la quête d’identité d’un homme qui se joue, celle d’un personnage non pas tiraillé entre deux genres, mais angoissé à l’idée d’affronter sa propre solitude, qui préfère assumer l’idée de tromper tout son entourage en aimant tour–à-tour l’un ou l’autre plutôt que de perdre à un jeu où il se pense comme le plus fort.

C’est ainsi que Passages peut se résumer en une simple idée de scénario : celle d’un couple à la dérive, dont on devine l’inévitable rupture à cause de l'impossibilité d’aimer de Tomas, comme on saisit les allers et retours entre lui et Martin dans la difficulté à quitter un amant avec qui on a passé tant d’années à vivre. Pour autant, toutes les bonnes choses ont une fin, et les mauvaises aussi : c’est Martin qui par sa passivité transformée en force de caractère étonne, en soumettant l’homme qu’il n’aime plus à ses choix pour pouvoir mieux le quitter et vivre sa vie.

Il y a quelque chose de presque cliché à un cinéaste américain qui, pour son premier film tourné à Paris, choisit de mettre en scène un ménage à trois. Mais ne vous y laissez pas prendre : dans Passages comme dans ses autres films (Frankie, Love is Strange), le réalisateur ...

Un couple homosexuel est ébranlé lorsque l’un d’eux couche avec une femme.On pouvait s’attendre à seulement une banale analyse de la nocuité dans les relations sentimentales, mais l’on a aussi droit à une fulgurante étude psychologique d’un personnage foncièrement ...

Le tour de force de Passages est d'exposer des situations compliquées avec finesse et une véritable simplicité, caractérisées par des dialogues qui sonnent toujours juste. Ira Sachs (réalisateur de Frankie et de Love is Strange) décrit par petites touches très précises ...