POMPÉI

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Pour leur premier film ensemble, John Shank et Anna Falguères ont entrepris d’observer un groupe de personnages dont les plus jeunes sont encore des enfants, livrés à eux-mêmes dans un monde éloigné des villes et des adultes.

D’eux d’entre eux sont frères. Le plus jeune attend avec impatience le jour où il aura treize ans, pour passer alors une épreuve d’initiation. L’aîné gagne sa vie à revendre des vestiges pour des trafiquants, jusqu’au jour où il rencontre une fille. Ensemble, ils voudront suivre leur propre chemin, mais le groupe ne l’entend pas de cette oreille.

Alliocha Schneider, choisi pour son physique de statue antique, et Garance Marillier, révélée dans GRAVE, incarnent ce jeune couple qui cherche son indépendance au milieu d’un groupe dominé par l’autorité de Vincent Rottiers. Les paysages de l’Aude et de l’Hérault, filmés comme un décor de western sous le soleil estival et parfois dans de sublimes lumières crépusculaire, apportent une atmosphère à la fois mystérieuse et familière à ce conte initiatique envoûtant.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver RIVER'S EDGE (Une bande d'adolescents livrés à eux-mêmes sont confrontés à leur manque de repères face à une situation inattendue.) ou encore LES GÉANTS (Deux frères de plus en plus détachés du monde finissent par aller chercher une nouvelle vie dans la nature.).

Né en 1977 dans L’Indiana, John Shank a quitté les Etats-Unis à l’âge de 7 ans lorsque ses parents se sont installés en Belgique. Il découvre le cinéma à vingt ans et décide d’en faire son métier. Un sujet l’obsède, qui se retrouve dans ses courts métrages comme dans son premier long L’HIVER DERNIER, réalisé en 2011. Il y parle de la place de l’homme dans son environnement et manifeste déjà cette fascination pour les grands espaces ruraux, loin des villes. Il y traite aussi de la transmission des valeurs. On retrouve ces thèmes dans POMPEI, où les décors jouent un rôle majeur, en indiquant sur quelle échelle se placent les personnages dans le cadre.

Anna Falguère a été photographe et chef décoratrice pendant une vingtaine d’années sur les films de Mia Hansen Love, Joachim Lafosse, Catherine Corsini ou Katell Quillévéré. Elle a rencontré John Shank sur le tournage de son film L’HIVER DERNIER, déjà avec Vincent Rottiers. Pour POMPEI, les réalisateurs ont choisi une architecture contemporaine mais à l’état d’abandon. Anna Falguère  précise que cet aspect traduit l’absence de transmission de la part des générations précédentes.  Par ailleurs, ces personnages apparemment privés d’héritage et de traditions doivent compter sur eux-mêmes pour se fixer des règles qu’ils respectent par défaut, autant pour refuser celles de l’extérieur que pour se donner une identité.

Quant au paysage en ruine, il incite ses occupants à chercher à comprendre. Les auteurs ont voulu donner à leurs personnages une attitude de rébellion, mais comme on ne sait pas tellement contre quoi ils résistent, le spectateur en conclut qu’ils se battent contre eux-mêmes et leurs propres règles. C’est ce qui semble se passer, lorsque Victor tente de partir avec Billie. En manifestant leur autonomie, ils enfreignent les lois de leur propre groupe. Le titre du film a été choisi parce qu’il évoque quelque chose que tout le monde connaît mais qui n’appartient à personne. Il fait aussi référence au fait que la catastrophe a quand même laissé une trace des habitants, comme une forme de mémoire collective.