RIEN À FOUTRE

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« Toute ma vie j’ai rêvé d’être une hôtesse de l’air » chantait Jacques Dutronc, hélas de nos jours le métier ne fait plus rêver surtout dans les compagnies low cost, où les filles en uniforme se transforment en vendeuses des 4 saisons. 

« Rien à foutre » est, en 2021, co-signé de  Emmanuel Marre et Julie Lecoustre. C’est un film fait dans l’urgence qui relate le désenchantement d’une jeune femme qui vit de précarité dans le ciel. Adele Exarchopoulos incarne l’hôtesse dont la vie semble toujours en transit. 

Premier long métrage d’un couple, le film, contrairement à son titre, parle de l’époque, de cette société décrite comme « uberisée » où l’avenir n’appartient pas aux jeunes qui ne savent qu’en faire…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SULLY DE CLINT EASTWOOD (2016) (Un film d'avions avec catastrophe mais pas sociale pour le coup. La panne et l'atterrissage périlleux dans l'Hudson. Grand spectacle et apologie de l'héroïsme contre l'administration froide et sécuritaire, c'est un film eastwoodien pur jus.) ou encore JACKIE BROWN DE QUENTIN TARANTINO (1997) (Un univers bien éloigné mais où la grande Pam Grier fait une apparition extraordinaire en hôtesse de l'air embringuée dans un trafic de drogue... Le low cost gagne aussi les petits truands dans un grand film du maître de la série B.).

Rien à foutre est une coproduction franco-belge, Emmanuel Marre ayant constitué son réseau outre-quiévrain où il a fait ses études (à l’institut des arts de diffusion de l’université de Louvain). Il a rencontré Julie Lecoustre en 2016, elle est devenue son alter ego à l’écriture, puis à la réalisation. Ensemble ils avaient déjà signé en 2018 « D’un château l’autre », moyen métrage couvert de récompenses. 

Leur premier long a été réalisé en équipe réduite, en plusieurs fois et en partie tourné avec un simple smartphone. Exarchopoulos a fourni ses tenues et s’est coiffée et maquillée seule. A l’origine les cinéastes avaient envisagé de faire travailler une vraie hôtesse de l’air mais le talent d’Adele les a convaincu. Laquelle actrice d’ailleurs a suivi une formation pour rendre crédible les pratiques professionnelles de son personnage. 

Le film a fait son chemin jusqu’au festival de Cannes où, dans la section « la semaine de la critique » il a obtenu un prix à la diffusion qui a aidé à le sortir dans de bonnes conditions. Du coup son exploitation fut suffisamment remarquable pour amortir son moindre cout. C’est du cinéma fauché mais certainement pas low cost.

Ne vous laissez pas rebuter par le titre, qui n’a en réalité rien d’un slogan. Bien au contraire ! Plutôt une façade, fragile, qui sera amenée à éclater comme une bulle de savon ; ou encore un comportement commercial et cynique, l’aspect humain, ou, à proprement parler, ...

Rien à foutre est sans doute le film le plus simple qui soit. Pas d'intrigue, juste le quotidien forcément banal d'une hôtesse de l'air dans une compagnie low cost. Le film commence comme il se termine, sur un moment de vie, presque pris au hasard.Il n'y a rien ...

Les qualificatifs s’enchaînent pour tenter, d’année en année, de décennie en génération, de circonscrire les mystères d’une jeunesse échappant la plupart du temps à tout contour. Le titre programmatique de Rien à foutre semble répondre par un aveu d’impuissance ...