SCARFACE

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Pour ceux qui ne parleraient l’anglais qu’avec réticence, Scarface veut dire Visage balafré. C’était le surnom d’Al Capone, qui régna en maître sur la pègre de Chicago dans les années 20, à l’époque de la Prohibition. En 1932, alors qu’il était encore au faite de sa puissance, Howard Hawks lui avait consacré un très grand  film, qui n’a pas pris une ride : Scarface. Le film de Brian de Palma est donc un remake. A noter que le cinéaste s’intéressera lui aussi peu après à Capone, en en faisant l’un des personnages centraux de son film Les Incorruptibles.

Mais le Scarface de De Palma est infidèle, transposant l’action de Chicago à Miami et remplaçant l’alcool par la cocaïne. C’est le producteur Martin Bregman qui en a eu l’idée. Il a demandé à Oliver Stone, qui n’avait alors pas encore fait ses preuves derrière la caméra, d’écrire le scénario, et à Al Pacino d’être le personnage central. C’est Sidney Lumet qui devait mettre en scène. Il s’était très bien entendu avec Pacino sur le tournage de Serpico puis d’Un après-midi de chien. Mais jugeant le scénario trop peu politique, il a préféré décliner l’offre, laissant la place à Brian de Palma.

Finalement, personne ne s’en plaint, le film ayant depuis lors des milliers de fans inconditionnels à travers le monde. Il faut dire que De Palma a choisi de faire un film à la mesure de la démesure de son personnage. Baroque, outré, violent, Scarface pratique cette mise en scène à l’estomac qui fascine les uns et révulse les autres…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CASINO (C'est la même irrésistible ascension et la même chute d'un caïd de la pègre) ou encore TITANIC DE JAMES CAMERON (C'est le remake puissance dix d'un premier film qui eut son heure de gloire).

En dépit de sa mise en scène proche de l'opéra, le film possède une très solide base documentaire. Oliver Stone a longuement enquêté avant d’écrire le scénario. Parmi les réfugiés cubains sortis dans les années 80 des prisons de Castro, certains d’entre eux étant des "droit commun". Les spécialistes du crime organisé n’ont d’ailleurs rien trouvé à redire à la description faite par De Palma de la pègre cubaine de Floride. C’est sans doute cette authenticité qui a poussé l’équipe du film à tourner à Los Angeles, craignant qu’un tournage à Miami n’incite à la violence les Cubains, agressés par l’image que le film renvoie. Il faut dire que les comédiens sont parfaits en mafiosi immigrés. Même si le casting ne compte qu’un seul Cubain authentique, en la personne de Steve Bauer, qui interprète Manny, l’ami de Tony Montana.

C‘est Al Pacino, qui lui n’est pas cubain, mais qui n’a pas ménagé sa peine pour adapter son accent et sa gestuelle aux besoins du personnage, qui interprète le rôle-titre. C’est peu dire qu’il nous livre un numéro d’acteur qui restera longtemps dans les annales, même si d’aucuns pensent qu’il cabotine "un peu". Treize ans plus tard, le comédien signera un documentaire, Looking for Richard, expliquant que c’est dans Shakespeare qu’il faut chercher les clés de tous ces personnages plus grands que nature dont il s’est fait une spécialité. Quand on a compris que Tony Montana est d’une certaine manière le petit frère de Richard III, qui lui aussi rêve d’être assis sur un trône, au milieu de féaux admiratifs, on peut voir le film différemment…

Mais il faut quand même rendre à César ce qui lui est dû. Brian de Palma n’a pas eu besoin de signer Scarface pour être remarqué par les cinéphiles : Phantom of the paradise, Carrie, Pulsion, Blow out lui sont antérieurs. Mais il a su prouver pour la circonstance que l’on pouvait à la fois séduire les amateurs les plus exigeants et le grand public. Les premiers auront goûté la folie qui s’empare du personnage principal, et la mise en scène baroque que n’auraient pas désavouée Sam Peckinpah ou Sergio Leone. La scène finale, celle de l’assaut de la villa de Montana, a, soit dit en passant, bénéficié de l’apport amical de Spielberg lui-même. Mais le film reste mémorable pour sa folie, son hystérie, quand Montana nage au milieu d’un océan de poudre ou mitraille des dizaines d’ennemis menaçants. Les censeurs américains ont trouvé à y redire, relevant 42 cadavres, précisant que le mot "fuck" est prononcé 226 fois… Reste que le temps a donné raison à De Palma, qui a élevé son film à la dimension d’un mythe, fustigeant au passage le rêve américain dans ce qu’il a de plus caricatural et monstrueux.

Il faut savoir qu’avant d’avoir son statut de film culte par la culture urbaine Scarface était avant tout classé à sa sortie comme un film noir qui a été mal reçu par la critique dû à sa violence (scène de la tronçonneuse), à son langage cru mais aussi par la population ...

En introduction, je tiens à préciser que le Scarface de Brian de Palma est un remake du Scarface de Howard Hawks, réalisé dans les années 30, et qui est d'une qualité également exceptionnelle. Il est rare qu'un remake soit d'un niveau aussi élevé que l'original. C'est ...

Dur, dur d'écrire une critique sur Scarface, étant donné que c'est mon film favori depuis plus de 10 ans, je risque de ne pas être objectif, mais passons. Je vais donner dix points qui font qu'il mérite d'avoir la note maximale, de mon point de vue. Et ça spoile attention. Numéro ...